Suivant les conclusions d'une enquête réalisée notamment par la direction de la santé et de la population de la wilaya, en 2007, il a été recensé 1246 " personnes errantes " dans les rues de la capitale. Ces personnes sont originaires de 45 wilayas du pays. Jusqu'ici, toutes les solutions mises en œuvre afin d'éradiquer le phénomène n'ont donné aucun résultat. Malgré l'organisation du Panaf, les principales avenues du centre-ville de la capitale accueillent de jour comme de nuit des Sans domicile fixe (SDF), des mendiants et des malades mentaux qui s'en prennent parfois aux passants pour des histoires d'aumône. Ils sont là, ils occupent les bancs publics, les entrées des immeubles et les passerelles, passant leurs nuits dans les jardins publics et utilisent les jets d'eau des parcs pour la lessive. Tout ce beau monde a été catalogué comme étant des «personnes errantes». Les autorités de wilaya sont à chaque fois épinglées sur cette question. Le sujet a été une nouvelle fois abordé par les membres de l'APW lors des travaux de la deuxième session de juin. Les élus voulaient savoir pourquoi il existe autant de personnes marginalisées dans les rues et surtout que fait l'Exécutif de la wilaya afin de prendre en charge le problème. La question a été naturellement adressée au docteur Rabia Tahar, directeur de la santé et de la population (DSP), habilité en la matière. A ce sujet, le DSP révèle que le wali Mohamed Kébir Addou a demandé, en 2007, une enquête pour déterminer le profil exact de ces «personnes errantes». A cette époque, la presse nationale rappelait régulièrement la présence de ces gens sur la voie publique et chaque personne était un cas social. L'enquête a recensé 1246 personnes, précise M. Rabia. Sur les 1246 personnes, les enquêteurs ont établi plusieurs profils. «Nous avons trouvé des prostituées, des vagabonds, des femmes répudiées et des toxicomanes», affirme M. Rabia. Donc, il ne s'agit pas expressément d'individus en quête de logements. Précisions de taille : «Tous ces profils constituent des délits punis par la loi». Suivant cette logique, les 1246 personnes devraient répondre de leurs actes devant la justice… Les enquêteurs ont aussi révélé que 45 wilayas du pays (sur les 48) sont pourvoyeuses de «personnes errantes». Le DSP croit savoir qu'il existe trois wilayas du pays qui ne sont pas représentées par les marginaux de la première ville du pays. Il cite Tamanrasset, Illizi et Tindouf. Ce manque de représentativité s'expliquerait, selon lui, par l'absence de routes directes vers Alger à partir de ces trois villes du sud. Le constat étant établi, la commission d'enquête a préconisé une mesure urgente : le lancement des caravanes de ramassage. Concrètement, les «personnes errantes» sont ramassées la nuit dans les rues et emmenées vers le centre du service d'aide médicale d'urgence (SAMU social) de Dely Ibrahim. La solution était dérisoire : les personnes transférées y séjournent pendant 48 heures puis quittent les lieux le plus souvent pour regagner les rues du centre-ville. Après l'échec de cette option, il a décidé de renvoyer les personnes trouvées dans la rue vers leurs wilayas d'origine. Elles sont directement transportées du centre de Dely Ibrahim vers la gare de transport de l'interwilaya du Caroubier. Cette seconde solution s'avère un piège : les personnes qu'on fait monter dans un bus pour rentrer chez elles retournent le plus souvent à Alger avant même d'arriver à destination : les leurs ne veulent pas d'eux, explique-t-on. Tout ceci pour dire que la wilaya n'a pas encore trouvé une solution au problème de ces gens.