Pour la première fois de leur histoire, 2,5 millions de Kurdes irakiens devaient élire hier leur «président» au suffrage universel. Dans le même temps, et pour la troisième fois depuis 1992, ils devaient désigner parmi 24 listes leurs 111 députés. Ces scrutins prennent une importance particulière. Le prochain chef de l'exécutif régional et de la future assemblée devront en effet affronter des défis majeurs : le différend territorial avec Baghdad et le retrait de leur partenaire américain d'Irak en 2011. A l'approche de ces élections, la tension est encore montée d'un cran entre les Kurdes et le pouvoir central irakien. Des incidents dans les 16 «territoires disputés» - appartenant aux quatre régions de Ninive, Diyala, Salaheddine et Souleimaniyeh - se sont multipliés dernièrement. Dans ces zones, où l'ex-président Saddam Hussein avait mené une politique d'arabisation forcée, les combattants kurdes, les peshmergas, et les forces de sécurité irakiennes sont engagés dans un face-à-face dangereux, qui fait craindre l'explosion d'un conflit armé. Les Kurdes souhaitent rattacher ces zones - dont la ville pétrolière de Kirkuk - à leur territoire, ce que Baghdad et les communautés chiites, sunnites et turcomanes refusent. Le président du Kurdistan, Massoud Barzani, donné largement favori pour sa réélection, fait du rattachement de Kirkuk à sa province une question de principe «constitutionnel», dont le Premier ministre irakien, Nouri Al Maliki, ne veut pas entendre parler.