Plus de deux millions et demi de Kurdes irakiens élisaient hier le président et le Parlement de leur région autonome, qui entretient des relations tendues avec Baghdad. Le Parti démocratique du Kurdistan (PDK) de l'actuel président kurde Massoud Barzani et l'Union patriotique du Kurdistan (UPK) du président irakien Jalal Talabani, qui règnent en maîtres sur la politique kurde depuis plusieurs décennies, devraient sans surprise sortir vainqueurs des deux suffrages. M.Barzani se présente à sa propre succession, avec quatre autres candidats, lors du premier scrutin présidentiel kurde au suffrage universel. Vingt-quatre listes sont en lice pour les législatives, dont la liste commune «Kurdistania» du PDK et de l'UPK, qui devrait rafler la majorité des 111 sièges du Parlement. Ces élections surviennent à une période charnière pour l'Irak, marquée par le futur retrait des troupes américaines, et un accès de tension entre les autorités kurdes et le gouvernement central de Baghdad qui se disputent le contrôle de territoires riches en pétrole. Dans ces zones, plusieurs incidents graves, qui auraient pu déboucher sur des affrontements armés, ont eu lieu au cours des derniers mois entre les peshmergas, les combattants kurdes, et l'armée irakienne. Ces élections seront également un baromètre de popularité pour l'UPK et le PDK qui devront affronter plusieurs listes dissidentes qui entendent briser la domination incontestée des deux partis sur la politique et les institutions kurdes. La liste «Goran» («Changement» en kurde) dirigée par Noucherwan Moustapha, un riche entrepreneur et ancien numéro deux de l'UPK, a été l'une des plus actives durant la campagne électorale, d'une rare vivacité cette année. L'une de ses promesses de campagnes a été de combattre la corruption, un thème placé au centre des débats électoraux.