Les législatives de jeudi constituent une gifle pour l'islamisme version Zarqaoui. En se rendant massivement aux urnes dans un contexte de guerre permanente, les Irakiens coupent court à l'argumentaire d'une insurrection populaire. Le scrutin a été salué par la communauté internationale, les Etats-Unis en tête. Selon la commission irakienne électorale, 70% des électeurs irakiens se sont rendus aux urnes en dépit des attentats islamistes. Si ce chiffre est confirmé, il représenterait une très nette évolution par rapport aux taux de participation aux deux élections précédentes, 59% aux élections générales pour le gouvernement intérimaire en janvier et 63% pour le référendum constitutionnel d'octobre. L'augmentation s'explique par la participation inédite de la minorité sunnite, qui avait boudé les précédents scrutins et où Zarqaoui se prévaut des voix. Ce taux de participation important devra conférer une forte légitimité à l'Assemblée nationale, prévue pour siéger quatre ans, pour la première fois depuis la chute du régime de Saddam Hussein en 2003. Le Parlement sortant, le premier à être élu au suffrage universel depuis l'invasion de l'Irak, n'a, en effet, siégé que pendant onze mois. Les nouveaux députés devront choisir un Premier ministre qui formera le gouvernement et un Conseil présidentiel, composé d'un chef d'Etat et de deux vice-présidents. Alors que les dernières élections avaient été remportées par la liste chiite conservatrice de l'Alliance irakienne unifiée, la compétition semble prononcée cette fois entre celle-ci et la liste menée par l'ancien Premier ministre, le chiite laïc Iyad Allaoui, qui s'est ouvert aux démocrates et aux communistes. L'alliance kurde doit remporter sans surprise les élections dans le nord de l'Irak et les listes sunnites dans les provinces situées au nord et à l'ouest de la capitale où ils sont prédominants. Maintenant que les institutions irakiennes semblent se stabiliser, la question du retrait des forces étrangères se pose de façon plus précise. Bush, qui a qualifié ces législatives de “pas en avant capital vers les objectifs américains pour l'Irak”, peut envisager un retrait partiel de ses GI's, comme l'exige son électorat. Le niveau des troupes US (160 000) devrait redescendre à 137 000 soldats, selon le secrétaire à la Défense, Donald Rumsfeld. Selon des fuites du Pentagone, l'essentiel des troupes américaines devrait être retiré en 2007, les forces de sécurité irakiennes devant alors être correctement entraînées d'ici là avec la contribution de l'Otan. D. Bouatta