Pouvoir n La province autonome du Kurdistan irakien élisait, aujourd'hui, samedi, son Président et son Parlement, qui devront relever le défi d'un conflit territorial avec Bagdad. Un nombre de 2,5 millions d'électeurs doivent choisir le président du Kurdistan, élu pour la première fois au suffrage universel, et les députés de l'assemblée régionale composée de 111 sièges. Le Parti démocratique du Kurdistan (PDK) de l'actuel président kurde Massoud Barzani et l'Union patriotique du Kurdistan (UPK) du président irakien Jalal Talabani, qui règnent en maître sur la politique régionale depuis plusieurs décennies, devraient, sans surprise, sortir vainqueurs des deux suffrages. Barzani, l'actuel Président, et quatre autres candidats sont en lice pour la présidentielle alors que 24 listes, dont celle commune du PDK et de l'UPK, concourent pour le scrutin législatif. Jeudi dernier, plus de 100 000 membres kurdes des forces de sécurité irakiennes et de prisonniers avaient déjà commencé à voter au Kurdistan, à Bagdad et dans plusieurs autres provinces. Les résultats ne devraient pas être connus avant plusieurs jours. Les bulletins de toute la région seront rassemblés à Erbil puis envoyés à Bagdad pour y être comptés par la commission électorale. Si ces résultats ne devraient pas bouleverser le paysage politique, la campagne électorale, qui s'est achevée jeudi dernier, a été vibrante et d'une rare intensité en raison de la présence de listes dissidentes qui souhaitent briser la domination incontestée des deux partis sur les institutions kurdes. Ces élections seront un baromètre de popularité pour l'UPK et le PDK, d'anciens ennemis se partageant le pouvoir dans la région, qui a connu depuis 2003 un important développement économique favorisé par une stabilité en termes de sécurité et les investissements étrangers. La liste «Goran» (changement en kurde), emmenée par l'ancien numéro deux de l'UPK, Noucherwan Moustapha, fait figure de principal challenger et mise sur les votes protestataires de Kurdes qui souhaitent un renouveau et des réformes. «Nous pensons que la société kurde, après une stabilisation politique, a besoin de réformes économiques, sociales et culturelles. La direction (de l'UPK) n'a pas voulu changer et c'est pourquoi nous nous tournons aujourd'hui vers notre peuple et les urnes», a indiqué Moustapha. Ces élections surviennent à une période charnière pour l'Irak, marquée par le futur retrait des troupes américaines, et un accès de tension entre les autorités kurdes et le gouvernement central de Bagdad qui se disputent le contrôle de territoires riches en pétrole. Dans ces zones, plusieurs incidents graves, qui auraient pu déboucher sur des affrontements armés, ont eu lieu au cours des derniers mois entre les peshmergas, les combattants kurdes, et l'armée irakienne. En visite à Washington, le Premier ministre irakien Nouri al-Maliki a reconnu que les divergences entre Bagdad et Erbil, la capitale du Kurdistan, représentaient «l'un des problèmes les plus dangereux pour l'Irak».