La protection du consommateur concerne-t-elle uniquement les consommateurs ? Les pouvoirs publics ont-ils une responsabilité dans cette action ? La législation actuelle aide-t-elle vraiment les consommateurs à défendre leurs intérêts et leur santé ? Autant de questions récurrentes que ne cessent de poser les acteurs dans cette jungle économique, où des millions de familles algériennes ont l'impression d'être livrées sans défense à la contrefaçon et aux produits ne répondant jamais aux normes sanitaires. Le constat est plutôt affligeant et grave, surtout lorsque le directeur de la qualité et de la consommation au ministère du Commerce, Acheli Abdelhalim, affirme que la loi 89-02 fixant les règles générales de protection du consommateur «est à bout de souffle, qu'il y a beaucoup d'aspects dépassés et que d'autres ne sont pas pris en compte». Pourtant, la nouvelle loi, tout à fait récente, puisque promulguée en février 2009, est dotée de 80 articles donnant surtout de larges prérogatives aux agents de contrôle. Cette loi, la 09-03, est considérée comme un excellent arsenal juridique, assez bien étoffé, mais dont le gros problème réside dans le contrôle systématique opéré par les services de l'Etat, une politique volontariste et répressive, ainsi qu'une vulgarisation du rôle du citoyen et des consommateurs en général. Pourtant, pour bon nombre d'animateurs d'associations versées dans la protection des consommateurs, l'application répressive de cette loi, c'est comme le code de la route, «ça commence par le chauffeur pour une bonne prévention et ça doit se terminer par le policier en cas de délit». Autrement dit, on peut avoir les lois les plus draconiennes, les plus répressives, sans grande portée ni grand résultat, si à côté, le consommateur reste amorphe, passif et complètement désarmé face à la contrefaçon, aux produits prohibés et aux marchandises avariées. Or, aujourd'hui, au niveau du département du commerce, on dénombre une soixantaine d'associations agréées et réparties à travers le territoire national, mais dont personne n'entend vraiment parler. On nous assure que ces associations reçoivent des subventions à titre d'aide de l'Etat afin qu'elles puissent activer efficacement dans un marché de plus en plus livré à la spéculation et à l'anarchie. Comment expliquer cette léthargie des associations, dont la doyenne a été créée en 1994, au début d'une politique libérale débridée? Pour les anciens animateurs de ces associations, ce sont les médias qui doivent accompagner cette action de protection, car il ne suffit pas de déposer des plaintes au niveau de la justice pour pouvoir s'assurer que le consommateur a gagné sa bataille face à tous les fraudeurs. Une médiatisation outrancière des cas avérés permet de sensibiliser davantage les consommateurs, acculer les autorités à réagir promptement et faire peur aux «commerçants» malhonnêtes. Il existe des exemples de cas délictuels médiatisés qui ont déclenché de vrais débats, poussant même les services de contrôle étatique à accentuer la pression. Peut-être faudra-t-il attendre la création de la fameuse agence nationale de prévention des risques liés à la consommation ? Le projet existe depuis quelque temps sur les tablettes du gouvernement. Cet établissement public sera doté d'un statut spécifique et sera chargé de la prévention, de l'analyse et de l'évaluation des risques que peut présenter tout produit sur la santé et la sécurité des consommateurs, de l'appui à la prise de décision par les pouvoirs publics en matière de gestion des risques et de protection.