Association de protection du consommateur, ça existe ? C'est là la réponse d'un citoyen qui en dit long sur l'inexistence sur le terrain de ces associations censées défendre et protéger le consommateur, qui ne sait décidemment pas à quel saint se vouer, entre une flambée des prix qui ne connaît pas de répit, des produits de mauvaise qualité et un pouvoir d'achat qui va en se dégradant. Brillant longtemps par leur absence, ces associations se défendent face aux reproches du consommateur. C'est le cas, de l'Association algérienne de promotion et de protection du consommateur (AAPPC) qui sort de sa léthargie. Cette association créée en 1994 a toujours, selon son président Maamar Bouchekkif, joué son rôle sur le terrain, en sensibilisant et informant le consommateur et protégeant sa santé et sa sécurité à l'égard de certains produits et services mis sur le marché et en préservant son intérêt matériel ainsi que son pouvoir d'achat. Mais la réalité semble tout autre. Concrètement, le consommateur n'accorde pas de crédit à ce type d'association qui prétend le défendre et défendre son pouvoir d'achat. Si, sous d'autres cieux, les associations de défense du consommateur ont du poids, en Algérie elles semblent inefficaces. L'AAPPC renvoie la balle dans le camp du consommateur : «Ce dernier est le premier responsable, il est appelé à faire preuve de vigilance, à nous saisir lorsqu'il est confronté à un problème qui touche à sa sécurité et à sa santé ; or, souvent le consommateur manque de courage et hésite à déposer une plainte lorsqu'il est victime d'un produit qui porte atteinte à sa sécurité et à sa santé.» D'après Maamar Bouchekkif, son association «procède par la réception des plaintes émanant des consommateurs, les étudie et les traite dans les meilleurs délais en faisant appel à l'organisme chargé du contrôle. Elle peut aussi se constituer partie civile et elle a le droit d'ester en justice contre tout acte qui peut nuire à la santé ou à la sécurité du consommateur». L'AAPPC est membre aussi de la commission scientifique et technique (COST) du Centre algérien de contrôle de qualité et de l'emballage (CACQE), elle formule auprès des pouvoirs publics toutes les préoccupations des consommateurs et elle propose des mesures susceptibles d'orienter la politique nationale pour leur protection. L'association affirme élaborer des enquêtes et des rapports sur certaines infractions qui nuisent à la santé du consommateur. C'est le cas d'une enquête réalisée sur l'abattage clandestin de Magtaa Kheira : «Nous travaillons avec tous les ministères, et particulièrement avec celui du Commerce, avec lequel nous collaborons dans le cadre des campagnes de sensibilisation du citoyen», indique notre interlocuteur, qui précise que des sorties sur le terrain sont régulièrement organisées. «Nous sommes avant tout des consommateurs, et nous constatons l'insuffisance de la qualité et de l'hygiène. S'agissant de l'envolée des prix qui touche les produits alimentaires et notamment les fruits et légumes durant le mois de Ramadhan, le président de l'AAPPC dira que son association ne peut pas intervenir sur cette question, car les prix sont pour le moment libres : «Nous pouvons toutefois saisir les services de contrôle et de fraude pour lesproduits subventionnés et les cas d'affichage des prix qui est, quant à lui, obligatoire. Etant représentés à travers plusieurs wilayas du pays, nous avons dû intervenir pour des cas de non-affichage de prix à Tlemcen.» Cette association dit être le porte-voix des consommateurs, ceux qui sont victimes des commerçants véreux dont le seul but est d'écouler leur marchandise sans se soucier de la santé du consommateur. «Nous sommes souvent saisis pour des produits alimentaires et cosmétiques périmés, note-t-il. A ce propos, il citera avoir reçu dernièrement des citoyens qui se sont plaints de la vente par certains commerçants de poulets rôtis la veille, réchauffés et vendus le lendemain à Hammam Righa. Yaourts, œufs, viandes, poulets périmés, jouets non conformes… pas seulement. L'association fait état aussi de plaintes de citoyens dans l'ouest du pays ayant acquis des véhicules neufs avec défaut de fabrication. «Nous avons d'ailleurs saisi les concessionnaires. Notre association accompagne le consommateur dans ses démarches pour dénoncer tous les dépassements constatés de la part des commerçants malhonnêtes», explique notre interlocuteur. «Nous avons été également saisis récemment par des consommateurs qui ont acheté des jouets de fabrication chinoise dangereux qui ne répondent à aucune norme de sécurité. «On se demande comment ces jouets sont entrés notre pays, où sont passés les services de contrôle ?» s'interroge-t-il. Il y a lieu de noter par ailleurs que cette association a changé de siège. Son bureau national a été déplacé de Kouba, (Alger) vers la wilaya de Blida. Son président parle de problèmes de moyens qui entravent la bonne marche de ses missions sur le terrain. «Les membres de l'association sont bénévoles et nous n'avons pas suffisamment de moyens», affirme-t-il, évoquant l'absence de subventions. Représentée à travers de nombreuses wilayas du pays, l'association est en ce moment en pleine période de renouvellement de ses bureaux. Cette association estime se réjouir du projet de la nouvelle loi relatif à la protection du consommateur et à la répression de la fraude, qui prévoit le renforcement des actions de répression de fraude par un durcissement des sanctions et l'introduction de nouvelles mesures de protection de la santé et de la sécurité des consommateurs. Ce texte se propose comme une refonte totale de la loi de février 1989 relative aux règles générales de protection du consommateur, jugée en inadéquation avec l'essor qu'a connu le marché algérien durant ces 20 dernières années. «De quoi redonner un nouveau souffle au travail de notre association», selon Maamar Bouchekkif. Ce dernier fait part de nouvelles actions à même de donner de l'ampleur aux missions de l'AAPPC, citant le lancement d'un site Internet. A. B.