Le recours systémique, chaque année, à une loi de finances complémentaire (LFC) devra être une mesure exceptionnelle. C'est ce que pense l'expert international Abderrahmane Mebtoul, qui recommande d'«éviter au maximum le recours aux lois de finances complémentaires» car il discrédite les prévisions du gouvernement. De son avis, l'Etat n'aurait pas besoin d'une LFC «s'il avait élaboré une bonne prévision budgétaire». Cependant, «l'Algérie continuera de recourir à des lois de finances complémentaires au cours des prochaines années, car l'économie algérienne est rentière», a-t-il expliqué, ajoutant que cela dépendra de l'évolution des cours du brent et du dollar. Contrairement à la majorité des pays qui ne recourent à une loi de finances complémentaire qu'en cas de catastrophe naturelle, l'Algérie s'est habituée depuis quelques années à l'élaboration des lois de finances complémentaires. Les raisons, selon l'expert, sont liées au fait que «l'Algérie est tributaire des chocs externes». La baisse des cours du pétrole influe sur les recettes, constituées à 98 % par les hydrocarbures. Une grande partie des recettes fiscales dépend également de la fiscalité pétrolière. Lorsque notre pays prévoit des augmentations de salaires, par exemple, «on fait appel à une loi de finances complémentaire», a ajouté l'expert, qui pense que cela «désorganise totalement les prévisions de l'Etat». Tant qu'on n'aura pas une économie construite sur une production et des exportations hors hydrocarbures liées à l'avancement de la réforme globale, conjuguée à l'absence d'une vision cohérente de la politique économique globale, l'Algérie continuera de recourir aux LFC.