Le capital privé a encore du mal à s'imposer dans la sphère bancaire algérienne. Dans ce sens, l'économiste Abderrahmane Mebtoul a indiqué, dans une interview qu'il a accordé dimanche soir à la chaine satellitaire Al Jazeea que le rapport de la banque d'Algérie démontre qu'après plus de 10 années d'ouverture, le marché bancaire algérien se compose de six banques publiques et de quatorze banques privées. Il estime néanmoins qu'il ne faut pas se laisser confondre par l'importance du nombre de banques privées actives en Algérie, puisque 90% du financement de l'économie algérienne dont 100% secteur public et plus de 77% secteur privé, se fait par les banques publiques avec une concentration au niveau des actifs de plus de 39% au niveau d'une seule banque, la BEA, communément appelé la banque de la Sonatrach. Donc, seulement 10% du financement de l'économie sont pris en charge par les banques privées, (moins de 6000 personnes sur un total d'emplois de plus de 35.000) avec une concentration de plus de 52% toujours pour les actifs pour trois banques. Et sur ces 10% , certaines sources avancent 7% environ de part de marché aux banques internationales. M. Mebtoul précise par ailleurs qu'il existe un paradoxe selon le rapport de la Banque d'Algérie. Ce paradoxe concerne le taux de profitabilité des banques étrangères en Algérie qui est d'environ 28% (récupération du capital avancé d'environ trois années ce qui ne se passe nulle part dans le monde). Néanmoins pour le cas de l'Europe le taux de profitabilité bancaire est d'environ 12% et pour la Tunisie et le Maroc, il est de 15%. A la lumière de la crise mondiale et notamment de la volonté de tous les Etats d'encadrer le secteur financierafin d 'éviter les bulles spéculatives au détriment de la sphère réelle, il est normal qu'un pays puisse se protéger contre la fuite des capitaux. C'est pourquoi les banques étrangères doivent s'inscrire dans le cadre de la loi sur la monnaie et le crédit et respecter les règles prudentielles. "Cependant, l'arbre ne doit pas cacher la forêt. Comme signalé, les banques publiques contrôlent environ 90% du crédit octroyé, c'est à ce niveau qu'il faut surtout agir tout en évitant de décourager l'investissement porteur de valeur ajoutée qu'il soit national ou étranger", a-t-il préconisé. L'expert pense que les mesures contenues dans la loi de finances complémentaire pour 2009 ne peuvent être que des mesures transitoires, tenant compte de la crise mondiale afin d'éviter les impacts négatifs sur les réserves de change de l'Algérie. "L'objectif stratégique de l'Algérie, selon mon point de vue, en cette ère de financiarisation accrue de l'économie et des interdépendances des économies, c'est la transition d'une économie administrée fortement bureaucratisée reposant essentiellement sur les hydrocarbures dont le système financier est le lieu de redistribution de cette renteà une économie productive reposant sur le savoir et de véritables entrepreneurs", a-t-il conclu.