L'érosion mécanique des sols est une caractéristique naturelle des îles tropicales jeunes soumises à de violentes pluies. Mais toute action de l'homme qui conduit à la destruction du couvert végétal renforce cette dégradation naturelle. Les causes majeures d'érosion dans les DOM-TOM résultent des mauvaises pratiques agricoles (Mayotte, Wallis et Futuna, La Réunion, Polynésie française), de l'urbanisation des pentes et du littoral (Polynésie française, Mayotte, La Réunion, Antilles), de l'exploitation minière (Nouvelle-Calédonie) et de la construction d'infrastructures diverses : routes ou aménagements hydrauliques (tous les DOM-TOM). Les terrassements en montagne entraînent le remaniement et l'érosion de quantités considérables de terres qui se traduisent par des apports sédimentaires très abondants au littoral. Ces apports induisent de profondes modifications du profil littoral et la dégradation des récifs frangeants. Outre les phénomènes d'étouffement des coraux et des organismes sessiles par le sédiment, l'impact résulte de l'augmentation de la turbidité qui induit une diminution de la lumière, nécessaire à la vie corallienne. S'y ajoutent les phénomènes d'eutrophisation des eaux, liés à l'augmentation des apports en nutriments. C'est l'une des causes majeures de dégradation des récifs des DOM-TOM français, notamment à Mayotte, à La Réunion et, plus ponctuellement, en Nouvelle-Calédonie. La pollution des eaux Les pollutions domestiques et agricoles provoquent un enrichissement artificiel des eaux côtières en nitrates et phosphates et se traduisent par des phénomènes d'eutrophisation qui induisent une diminution de la calcification des coraux et favorisent la multiplication des algues et d'autres organismes non constructeurs, au détriment des coraux qu'ils étouffent. Ces algues peuvent également entrer en compétition avec les phanérogames, envahir les herbiers et les détruire. Pour ce qui concerne les mangroves, on connaît mal leur réaction à une augmentation du taux de nitrates dans l'eau. Les rares études faites sur ce sujet tendent à montrer que l'écosystème y est indifférent ou bien que la croissance végétale est légèrement favorisée. L'impact des polluants chimiques (hydrocarbures, détergents, métaux lourds) sur le métabolisme des organismes récifaux est encore mal connu, tout comme l'impact des pesticides, utilisés dans les traitements phytosanitaires en zone urbaine et en agriculture. En revanche, les mangroves sont particulièrement sensibles aux pollutions massives d'hydrocarbures (marées noires) et sont en général détruites. L'assainissement est un problème dans presque tous les DOM-TOM : à l'exception de La Réunion, de Bora-Bora en Polynésie française, et de Nouméa, en Nouvelle-Calédonie, où de grands efforts sont fait en matière d'assainissement, tous les autres DOM-TOM sont non équipés ou sous-équipés et la pollution des eaux, dans les zones d'habitat dense, y est un réel problème. L'emploi de pesticides agricoles ou domestiques pose des difficultés principalement aux Antilles, en Polynésie et à La Réunion ; certains pesticides utilisés sont toxiques et rémanents, comme en Polynésie, où leur présence dans certains sédiments du lagon atteste d'une pollution nette, avec des teneurs parfois comparables à celles mesurées ailleurs dans des sites considérés comme pollués. En Martinique également, les teneurs enregistrées dans certains organismes de la baie de Fort de France sont très élevées. La pollution industrielle est limitée ; elle affecte surtout les DOM des Antilles et de La Réunion, notamment la pollution résultant des industries sucrières. L'extraction des granulats et autres dragages Les dragages de récifs frangeants sont réalisés soit pour l'extraction de granulats coralliens, appelés «soupe de corail» en Polynésie, utilisés en construction ou pour la réalisation de routes, soit pour la réalisation d'aménagements maritimes comme les ports ou les chenaux de navigation. L'impact des dragages est double. Au niveau de l'extraction, le site est détruit de façon quasi irréversible ; aux alentours, les zones récifales sont plus ou moins fortement perturbées par les panaches de sédiments coralliens très fins, mis en suspension et entraînés par les courants, qui viennent étouffer les coraux et conduisent à des modifications de peuplement. C'est en Polynésie que cette activité est surtout développée et a conduit à la destruction de très nombreuses zones récifales. Le pillage des sables de plage conduit à d'importants phénomènes d'érosion, notamment à Mayotte et à Wallis et Futuna. Les remblais littoraux L'urbanisation côtière (aéroports, routes...), dans ces îles exiguës, est souvent réalisée au détriment des récifs coralliens et des mangroves.Les remblais sur les récifs ou sur la mangrove, pour gagner des terrains sur la mer, assurent la destruction totale du récif et de la mangrove sur l'ensemble de la surface remblayée et perturbent la courantologie lagonaire. Aux Antilles, les nombreux travaux d'aménagement littoraux sont largement responsables de la disparition des écosystèmes côtiers, récifs, herbiers de phanérogames et surtout mangroves.En Polynésie, et notamment dans les îles de la Société, les remblais sont très utilisés et conduisent à la destruction de grandes portions de platiers. Quelques techniques de pêche pouvant être destructrices * Polynésie : filets maillants, fusils sous-marins, pêche au caillou. * Wallis et Futuna : pêche au tas de caillou, pêche par empoisonnement (futu), pêche à la dynamite. * Mayotte : filets maillants, trémail, senne, fusils sous-marins, pêche au djarifa (pièce de tissu traînée dans l'eau par les femmes), pêche par empoisonnement (uruva), pêche à pied au poulpe et autres organismes. * La Réunion : filet maillant, pêche à la gaulette, pêche à pied au poulpe et autres organismes. * Guadeloupe et Martinique : nasse caraïbe, filets maillants, trémail, senne. L'exploitation des ressources vivantes Compte tenu du mode de reproduction de nombreuses espèces marines et de la dispersion de leurs larves planctoniques par le jeu des courants, l'exploitation des ressources marines peut rarement conduire à la disparition des espèces, sauf éventuellement dans le cas d'espèces endémiques. L'exploitation trop intensive en revanche peut conduire à une diminution importante des stocks, comme c'est le cas en particulier à Futuna, à Mayotte et aux Antilles. Les problèmes principaux sont l'utilisation de certaines méthodes de pêches destructrices (explosifs, poisons, barres à mines, filets à mailles trop fines, pêche au caillou «muro-ami»...) qui conduisent à la dégradation des écosystèmes, au prélèvement non sélectif des espèces, ou des jeunes, la destruction des frayères et des nurseries, l'exploitation intensive d'espèces peu ou pas mobiles, comme les mollusques, les coraux, l'exploitation intensive d'espèces rares ou endémiques. Le tourisme Le tourisme a un impact lors de l'aménagement des infrastructures touristiques (construction d'hôtels, de marinas...) et pendant le déroulement de certaines activités touristiques sur les récifs. Les aménagements touristiques posent des problèmes en phase de chantier (terrassements, dragages de récifs, travaux divers ou sédimentation terrigène dans les lagons) et en phase d'exploitation, essentiellement par le rejet des eaux usées. Les études d'impact et le suivi des prescriptions permettent de minimiser ces impacts (Polynésie). Les activités touristiques généralement nuisibles pour les récifs, lorsqu'elles sont trop intensives, sont les mouillages des navires sur les coraux ou les herbiers, les rejets domestiques par les navires, la fréquentation des récifs par les touristes qui piétinent les platiers, brisent des coraux et collectent des organismes. C'est surtout aux Antilles, en raison de la navigation de plaisance et des problèmes de mouillage ainsi que de la plongée sous-marine intense, que les activités touristiques sont responsables de dégradations importantes de récifs coralliens. Une forte pression démographique qui constitue la principale menace La dégradation des récifs des DOM-TOM résulte en partie de causes naturelles, parmi lesquelles les cyclones ont une large part. Mais il s'agit de facteurs naturels d'évolution du récif. En revanche, les activités anthropiques dans les zones urbaines et de forte densité de population ont un impact majeur sur les récifs. Les activités liées à l'aménagement et à l'équipement des territoires sont largement responsables et les principaux facteurs de disparition des récifs sont la sédimentation terrigène et l'urbanisation des littoraux.