«Nous sommes à l'orée d'une saison charnière pour notre football puisque si tout va bien, elle nous permettra d'entamer l'ère du professionnalisme.» Nul ne contredira le fait que nous sortons d'une phase extrêmement difficile et qu'il nous reste un très long chemin à accomplir pour croire que tout est résolu». C'est en ces termes que le président de la FAF a entamé la conférence de presse qu'il a animée hier matin à l'hôtel Hilton, conjointement avec le président de la Ligue nationale de football, Mohamed Mecherara et l'entraîneur national, Rabah Saâdane. «Les compétitions nationales ont subi le contre- coup des difficultés auxquelles nous faisions face. Grâce à Dieu et avec l'aide de tous, nous avons pu mener à terme notre mission concernant la gestion des deux championnats nationaux qui se sont achevés dans les délais que nous nous étions fixés dès notre arrivée, de même que la Coupe d'Algérie, alors que dans des pays voisins, on n'a pas encore disputé la finale de la Coupe nationale. Parallèlement à cela, il nous fallait assurer à l'équipe nationale le maximum de conditions pour qu'elle puisse préparer convenablement ses échéances», a ajouté le président de la FAF qui assure qu'en six mois, le travail accompli par son équipe et lui n'a pas été de tout repos. «Nous nous devions, a-t-il dit, de procéder à une profonde réorganisation de la FAF, et déjà, lors de mon premier mandat, j'avais affirmé que cette Fédération manquait d'encadrement. En outre, au regard des objectifs qui nous sont assignés, les 35 milliards de centimes que l'Etat verse à la FAF s'avèrent insuffisants. C'est pourquoi nous avons prospecté et sommes allés vers d'autres sources de financement, et là mes remerciements les plus chaleureux vont à une entreprise citoyenne comme Nedjma qui a bien voulu nous accompagner dans tout ce que nous entreprendrons en faveur de l'équipe nationale. Grâce à elle, de nombreux projets pourront se réaliser pour cette équipe nationale. Sur le plan des droits de retransmission des matches, le contentieux avec l'Entv a été réglé et le contrat que nous allons signer avec elle sera applicable à partir de la prochaine saison. L'entreprise de télévision nationale possède désormais les droits exclusifs de retransmission des matches de notre championnat national. Les textes du professionnalisme sont prêts Il lui reviendra de les commercialiser à l'étranger avec d'autres firmes de télévision». Les dernière sorties médiatiques de certains président de clubs de division 2 ont également fait réagir le président de la FAF, qui les juge «irresponsables. Ce que le bureau fédéral a adopté en matière d'accession et de relégation n'était en fait que l'une des résolutions votées en assemblée générale de la FAF. Je ne vois pas pourquoi on conteste maintenant ce qui a été approuvé hier. Le système sera donc celui que le bureau fédéral a adopté, excepté un élément, à savoir qu'il y aura deux rétrogradations de la D2 vers la division inférieure, décision adoptée en toute démocratie après un vote effectué auprès des présidents de clubs de la D2. Quant à la contestation de ces derniers sur le fait qu'il n'y aura qu'une seule accession en D1, elle n'est sans aucune valeur puisque la saison prochaine, le professionnalisme sera lancé, et si nous montons une division professionnelle à dix clubs, cela va libérer des places pour la D1.» S'agissant, justement, de la question du professionnalisme, M. Raouraoua indique que tous les textes le concernant sont prêts. «Même le cahier des charges l'est. Nous serons aux côtés des clubs intéressés par le passage à ce nouveau statut et nous les aiderons par la formation de leurs cadres. Un séminaire de la Fifa sera, d'ailleurs, organisé en leur faveur très prochainement. J'ajoute qu'une commission interministérielle composée des cadres du secteur de la Jeunesse et des Sports, de l'Intérieur, des finances et du commerce est à pied d'œuvre pour leur faciliter la tâche sur le plan de la règlementation. Il en ressort que la balle est, aujourd'hui, dans le camp des clubs. Il leur appartient de faire le pas nécessaire pour une autre vision de la gestion du football.» Cependant, le président de la FAF fait part de son regret du manque d'infrastructures qui freine l'élan des ligues. «Nous avons procédé à l'homologation de stades et nombreux sont ceux qui ne répondent pas aux normes de la pratique du football à un haut niveau. Même le stade du 20- Août d'Alger est à la limite de l'homologation. Vous savez que la CAF tient énormément à de telles homologations. Des joueurs de 52 ans Si rien n'est fait, il se pourrait que nous soyons obligés de n'engager qu'un seul club en Coupe de la CAF (sans y faire référence, M. Raouraoua, voulait, certainement dire que ce pourrait être la JSM Béjaïa, dont le stade est fermé en ce moment, pour travaux, qui en ferait la frais)». Et puis, M. Raouraoua a eu à parler de l'inévitable question des jeunes catégories, sachant qu'à partir de cette saison, les juniors suivront les seniors en D1 et en D2. «Saviez-vous, a-t-il révélé, que 90% des juniors de 3e année disparaissent dans la nature au moment où ils doivent accéder en seniors ? Cela veut dire que lorsque vous avez 30 juniors susceptibles d'aller en catégorie supérieure, il n'y en a que trois à pouvoir le faire. Les 27 autres on ne sait pas ce qu'ils deviennent. Multipliez ce chiffre par 1500, qui est le nombre de nos clubs, et vous aurez un aperçu de la déperdition de nos footballeurs. Nous ne pouvons plus continuer de la sorte. Les clubs doivent se mobiliser et ne plus se contenter de prendre sans former. Ce n'est même pas de l'amateurisme. C'est du bricolage.» Abordant le problème des entraîneurs, le président de la FAF fera savoir qu'une bonne partie d'entre eux n'ont pas le niveau requis pour exercer même en division 1. «A Tizi Ouzou, par exemple, il y a une centaine d'entraîneurs pour les jeunes. En dehors d'un ou deux conseillers en sport et d'une dizaine d'autres titulaires du 1er degré, les autres n'ont aucun diplôme. Nous avons instauré, en partenariat avec la CAF, le système de la licence continentale. Des entraîneurs doivent passer des tests pour l'obtenir. Nos entraîneurs exerçant à l'étranger et qui ne disposeront pas d'une licence CAF ne pourront plus travailler. Ce dont souffre ce domaine, c'est le manque de techniciens, puisque nous faisons état d'un déficit de 2500 entraîneurs. Nous organisons des stages et des recyclages à titre gratuit, notamment pour les trentenaires qui veulent accéder au 1er degré.» A propos de ces joueurs trentenaires interdits de compétition, M. Raouraoua révèlera que le football algérien fait état de 45 joueurs licenciés de plus de 40 ans et même de deux qui ont 50 et 52 ans. Il annoncera, enfin, que les structures techniques de la FAF vont bientôt s'installer à Sidi Moussa, que la Fifa va financer en majeure partie la construction du nouveau siège de la FAF et en totalité un terrain en gazon synthétique et que la CAF a dégagé une enveloppe de 100 000 dollars qui a servi pour l'achat de deux bus pour les sélections de jeunes.