Au moment où le championnat de football de la division I va débuter, on ne peut qu'avoir une pensée pour les entraîneurs. Ils sont 18 au départ et il est certain qu'au mois de mai 2010, lorsque prendra fin cette compétition, ce ne seront pas tous les mêmes que l'on retrouvera à la tête des staffs techniques de nos clubs. Il est de coutume d'affirmer que dans toute association sportive il faut qu'il y ait un fusible, celui que l'on enlève pour redresser une situation qui devient compromettante. Dans le monde du football algérien, ce fusible, c'est le coach, celui qui est fait héros lorsque l'équipe gagne et qui se transforme en un moins que rien quand les affaires de l'équipe vont mal. Que les entraîneurs en poste actuellement cessent, donc, de parler à droite et à gauche et de faire des projections sur l'avenir. Leur avenir se résume à ce qu'ils vont réussir avec leur équipe dans les deux ou trois matches à venir. C'est qu'ils ont affaire à des présidents particulièrement peu respectueux des promesses engagées et assez prompts pour changer de staff technique. Les embrassades et les poignées de mains d'aujourd'hui ne vaudront plus rien demain en cas de mauvais résultats de l'équipe, et celui qu'on louange maintenant risque bien de se transformer, par la suite, en un va-nu-pieds qu'il est nécessaire de congédier. Il est incontestable que le football algérien est un des sports où l'on limoge le plus facilement un entraîneur. Et cela à l'échelle planétaire. Quand une équipe consomme cinq à six coaches par saison, cela veut dire que la stabilité n'est pas un terme connu des responsables de nos clubs. Et le changement ne survient pas, forcément, à la suite d'une série d'échecs. Il se trouve que des entraîneurs ont été priés de faire leurs valises en laissant leurs clubs dans une très bonne position au classement général. Il y en a même eu qui ont été limogés alors que leur club était leader et parfois avec une confortable avance sur son second. Dans ce cas, il faut rechercher la cause du renvoi dans le fait que cet entraîneur n'est pas de ceux qui acceptent une ingérence dans leurs affaires techniques et qui, parfois, prennent la défense de leurs joueurs dans la lutte pour leurs revendications. Un entraîneur est fait pour entraîner, pour aligner les joueurs qu'on lui demande de faire jouer et de se taire. C'est la conception que se font les dirigeants de clubs algériens du métier de technicien. Et dans l'affaire, c'est le porte-monnaie du coach qui est en jeu, celui-ci acceptant tout au nom de la sacro-sainte et rondelette prime de signature et des salaires versés mensuellement. La Fédération algérienne de football avait bien essayé, la saison dernière, de trouver une parade à une telle situation. Elle avait indiqué que les entraîneurs n'auraient plus droit à plus de deux licences par saison, une démarche qui n'avait jamais été respectée. Cela n'avait pas été sans nous rappeler celle du ministère de la Jeunesse et des Sports lorsqu'il avait décidé, il y a quatre ou cinq ans de cela, d'imposer aux clubs de signer des contrats d'un minimum de deux ans avec leurs techniciens. A la fin, ce sont les clubs qui avaient obtenu gain de cause dans le bras de fer engagé avec l'institution ministérielle. Aussi, chers amis entraîneurs, commencez à travailler tout en ayant votre valise prête pour votre départ du club dans lequel vous exercez. Il s'agit d'un refrain fort bien connu dans notre football et, apparemment, les dirigeants de clubs n'ont pas une voix enrouée.