La population de cette ville a retrouvé la joie grâce aux exploits de son équipe. Dans les hauts faits du football algérien, on devrait inscrire l'aventure que vit le Chabab Riadhi de Zemmouri. Vous nous direz qu'un club aussi modeste ne peut avoir sa place dans les pages d'or de la première discipline sportive du pays. Pourtant, il le mérite bien comme il mérite une attention accrue de la part de sponsors vu les difficultés financières qui sont les siennes. Il y a presque deux ans, le CR Zemmouri évoluait en division d'honneur de la ligue de wilaya de Boumerdès. Une participation à un championnat des plus encourageantes puisque ce club était premier et aspirait à accéder en division supérieure, la Régionale 2. La compétition tirait à sa fin, lorsque la catastrophe a eu lieu. Ou plutôt un désastre pour qualifier ce qui est désormais considéré comme l'une des plus grandes tragédies que l'Algérie ait connue dans son histoire. Le 21 mai 2003, un terrible séisme secoue la wilaya de Boumerdès et les régions environnantes. L'épicentre de la secousse se situe au niveau, justement, de la ville de Zemmouri qui fut détruite à 90%. Des cris, des pleurs, des blessés et surtout des morts. Des milliers de morts. La population est durement frappée. Bien entendu, il n'était plus question de parler, ni de penser football ou sport, dans les jours qui ont suivi le drame. «On a pourtant repris les entraînements au mois de juillet, c'est-à-dire deux mois après le séisme», nous a dit le président du club, M.Mohamed Belhabchia, touché dans sa chair lors du séisme de mai 2003 puisqu'il y a perdu son épouse. Les activités sportives arrêtées, il a été décidé de faire accéder en Régionale 2 pour la saison suivante les 7 équipes de tête de la division d'honneur. Comme il était premier, le CRZ fut, justement, touché par cette promotion. Mais peut-on avoir la tête à penser à jouer au football lorsque votre ville a pratiquement été rayée de la carte? Peut-on se remettre à la pratique sportive lorsque vous avez tout perdu dans la catastrophe? «Au moment du séisme, 80% de l'effectif du CRZ était composé d'enfants de Zemmouri», ajoutera, M.Belhabchia, qui a été élu à la présidence du club en 2002 après avoir dirigé la section football depuis 1999. Pourtant, deux mois après le séisme, les sportifs de la ville ont repris le chemin des stades pour préparer la saison 2003-2004. «La DJS de Boumerdès a été d'un grand secours lors de cette préparation, indiquera, M.Belhabchia. C'est elle qui a pris en charge les clubs de la wilaya pour des regroupements dans différentes villes à travers le pays. Le CRZ a, ainsi, bénéficié d'un stage à Mostaganem». Le club a donc repris le collier avec la compétition en août 2003 alors que la ville pansait ses blessures. «Nous abordions le championnat de la Régionale 1 avec le souci de nous maintenir d'autant que nous ne pouvions recevoir nos adversaires sur notre stade qui était réquisitionné pour servir de camp de base à des sinistrés, ajoutera M.Belhabchia. C'est ainsi que le CRZ a reçu ses adversaires à Bordj Menaïel, Naciria, Lakhdaria ou Les Issers. Ce n'est que pour les 4 derniers matches du championnat qu'il a pu retrouver son stade Mohamed Rial». A propos de ce stade, il convient de souligner qu'il a été touché par le séisme. «Sa tribune a été ébranlée mais sur intervention de la DJS, notre stade a été retapé et d'ici un mois nous allons bénéficier de vestiaires flambant neuf». indiquera le président du CRZ. Toujours est-il que ce club finira premier de la Régionale 2 et accèdera au palier supérieur. «Très sincèrement cette montée était inespérée pour nous et le fait de nous retrouver en Régionale 1, c'est-à-dire à un étage en dessous de l'interrégions qui est la nationale 3, était pour nous une immense consécration, fera savoir M.Belhabchia.. Il était évident qu'en débutant le championnat de la Régioanle 1, en septembre dernier, nous n'avions qu'un seul objectif : le maintien». Mais il était dit que la belle aventure de ce club n'allait pas s'arrêter en si bon chemin. En effet, au bout de 13 journées de compétition, le CRZ n'en est pas à lutter pour son maintien dans cette division mais à viser la montée en interrégions puisqu'au classement général, il est premier avec 2 points d'avance sur son second, la JS Bordj Menaeïl. «Vu son parcours, on ne peut que se mettre à entrevoir l'accession, notera le président du club. Les clubs que nous rencontrons sont largement à la portée du nôtre. La montée n'a rien d'impossible». Mais nous n'en sommes pas là, le championnat étant encore long. Il reste qu'au CRZ on fait tout pour perpétuer l'amour du football et du sport. «Nous avons une centaine de footballeurs toutes catégories confondues, indiquera M.Belhabchia. Il y a aussi une section de boxe et une autre de karaté qui s'entraînent dans la salle attenante au stade et qui a été presque ou entièrement refaite. Le sport à Zemmouri n'est pas mort». Avant de nous quitter, le président du CRZ en profita pour lancer un appel à d'éventuels sponsors pour aider le club. «Actuellement les autorités locales nous soutiennent de même que la société des courses hippiques. Il serait bon que d'autres bienfaiteurs se joignent à eux. En aidant le club, ils aideront la jeunesse de Zemmouri et une population meurtrie qui a trouvé avec le football le moyen d'oublier la catastrophe de mai 2003».