Bien que les pouvoirs publics soient impliqués dans la régulation du marché du ciment, la spéculation sur les prix de ce matériau de construction est toujours de mise. Malgré la fixation des marges plafonnées de distribution par un décret exécutif publié au journal officiel n°44 de juillet, les prix restent élevés. Le décret visant la rationalisation de la commercialisation du ciment à travers la fixation des marges plafonnées de gros et de détail applicables au ciment portland composé conditionné n'a pas eu son écho sur le terrain. Personne ne peut freiner les ambitions des spéculateurs. Ni les services de contrôle du ministère du Commerce ni la Gendarmerie nationale n'ont pu contrôler le marché de la distribution du ciment. Les vendeurs de détail échappent en effet au contrôle des autorités, en dépit des dispositions de la nouvelle réglementation. L'article 7 portant sur les infractions aux dispositions du décret insiste sur la sanction conformément aux dispositions législatives et réglementaires en vigueur. Or la lutte contre la spéculation dans ce secteur semble difficile et l'application de ces nouvelles mesures n'est pas pour demain, en ce sens que l'efficacité de cette procédure dépend de la disponibilité du produit. Le manque de ce matériau fortement demandé, notamment en cette période estivale, demeure la raison principale du maintien de la flambée des prix observée même avant la promulgation dudit décret. C'est l'anarchie totale qui règne dans la mesure où chaque vendeur fixe les prix à sa manière. Comme il a été constaté lors de notre virée au niveau des points de vente de détail, un sac de ciment de 50 kg varie entre 620 et 670 dinars. Les points visités témoignent d'une forte fluctuation des prix d'un détaillant à un autre. En juillet, le sac de ciment de 50 kg avoisinait les 700 dinars à l'ouest du pays, malgré le fait que son prix sortie usine ne dépasse pas les 300 dinars. Selon l'article 3 du décret relatif à la régulation du marché du ciment, «les marges plafonnées brutes de distribution sont appliquées au prix de cession sortie usine, y compris les charges de manutention, toutes taxes comprises, pour la marge de gros ; au prix de cession de gros, toutes taxes comprises, pour la marge de détail ; au prix CAF (coût, assurances et fret), toutes taxes comprises, pour la marge de gros à l'importation». Il convient de rappeler que cette marge des détaillants est plafonnée à 60 dinars sur le sac de 50 kg et celle des grossistes à 40 dinars sur le prix sortie usine de la même quantité. Ces marges sont de 120 dinars sur le quintal pour les détaillants et de 80 dinars pour les grossistes sur la même quantité. Les opérateurs économiques lancent à cet effet un appel au ministère du commerce en vue de renforcer les opérations de contrôle afin de freiner la surenchère qui continue de caractériser le marché.