Selon le rapport du quotidien électronique TSA, malgré la promulgation en juillet dernier d'un décret exécutif définissant les marges des distributeurs, le marché national du ciment continue de connaître une flambée des prix. En effet, les prix de ce matériau de construction ne cessent d'être en hausse depuis plusieurs mois. Il est cédé sur le marché de détail à plus de 700 dinars pour une unité de 50 kg alors que son prix en sortie d'usine ne dépasse pas 350 dinars le sac. Pourtant, selon ce qui a été publié dans le Journal officiel, la marge des détaillants est plafonnée à 60 dinars sur le sac de 50 kg et celle des grossistes à 40 dinars sur le prix en sortie d'usine de la même quantité. A cet effet, les services de contrôle du ministère du Commerce et de la Gendarmerie nationale ce sont précipités pour inspecter le marché de la distribution du ciment et de lutter contre la spéculation. Or, les résultats de cette lutte sont faibles à part la suspension en mai dernier de 29 grossistes en ciment dans la wilaya de Médéa pour " spéculation " et " dissimulation de chiffres d'affaires". Selon un ancien responsable d'une cimenterie publique, le trafic de " l'or gris " connaît une forte spéculation en raison de sa marge bénéficiaire énorme. Certes, les revendeurs de ciment acquièrent rapporte désormais des fortunes colossales selon le nombre de bons acquis. Dans ce sens, " un seul bon de 20 tonnes de ciment rapporte au minimum 100.000 dinars nets d'impôts à son bénéficiaire ", a-t-il expliqué. " Une quantité de 20 tonnes de ciment est cédée à 135.000 dinars chez Lafarge et coûte un peu moins chez les cimenteries publiques. La même quantité est revendue sur le marché noir à deux fois son prix. Elle est cédée entre 230.000 et 240.000 dinars sur le marché de détail ", a encore affirmé le connaisseur. Outre, l'achat et la vente du ciment est entièrement entre les mains des spéculateurs. Les commerciaux qui travaillent pour le cimentier Lafarge ex-ACC et les responsables des cimenteries publiques sont soumis à de fortes pressions de la part de la mafia du ciment. Pour sa part, le marché de détail, qui échappe au contrôle des autorités, est alimenté essentiellement par certains entrepreneurs qui détournent le ciment acheté auprès des cimenteries pour leurs chantiers, et les commerçants qui ont leur entrée dans les cimenteries publiques. La forte demande de la part des autoconstructeurs a fait le reste. Par ailleurs, reste à préciser que " même le ciment importé récemment se vend au marché noir ; ce ciment devait servir à résoudre la crise de l'offre, mais il a été récupéré par les spéculateurs ", a affirmé la même source. " Ce ciment est cédé dans des sacs de 50 kg pour un prix qui avoisine 100 dinars ", a-t-il ajouté. En outre, l'autre facteur essentiel est le retard pris dans la réalisation de nouvelles cimenteries et l'extension des cimenteries existantes. Le groupe égyptien Asec Cement n'a pas, quant à lui, tenu sa promesse de 2008 d'augmenter les capacités de la cimenterie de Zahana près de Mascara de 1,6 million de tonnes et de mettre en production sa nouvelle cimenterie de Djelfa. Les projets de Sonatrach dans ce domaine sont également restés dans les tiroirs alors que le groupe français Lafarge n'a pas encore lancé la réalisation de sa nouvelle cimenterie près de Constantine. Les cimenteries publiques, réunies au sein du Groupe industriel des Ciments d'Algérie (CIGA), se contentent désormais de gérer la crise en important du ciment de l'étranger au lieu de construire de nouvelles cimenteries.