L'histoire de la vanille est associée à celle du chocolat. Les Aztèques, et auparavant les Mayas, agrémentaient de vanille une boisson épaisse à base de cacao. Ce sont les Totonaques, occupants des régions côtières du golfe du Mexique qui produisaient la vanille et en approvisionnaient l'empire aztèque. Selon la légende, la liane de vanille est née du sang de la princesse Tzacopontziza («Étoile du Matin»), à l'endroit où son ravisseur, le prince Zkatan-Oxga («Jeune cerf»), et elle-même furent rattrapés et décapités par les prêtres de Tonoacayohua, la déesse des récoltes. Le prince se réincarna en un vigoureux arbuste et la princesse devint la délicate liane d'orchidée. Les Espagnols découvrent la vanille au début du XVIe siècle avec la conquête du continent américain. Tout laisse à penser que la connaissance décisive de la vanille est effectivement liée à l'arrivée des Espagnols à Tenochtitlan, l'actuelle Mexico et à la rencontre en 1519 de Hernán Cortés avec l'empereur aztèque Moctezuma II, dont Sahagún décrit les mœurs et en particulier l'usage de la vanille pour parfumer son chocolat. La première référence écrite connue à la vanille, ainsi que la première illustration, figurent dans le Codex de Florence, le Codex Badianus, écrit par les médecins aztèques Martinus de la Cruz et Juannes Badiano en 1552. Pendant plus de deux siècles, le Mexique, en particulier la région de Veracruz, conserve le monopole de la vanille. Les Totonaques demeurent les premiers producteurs mondiaux jusqu'au milieu du XIXe siècle. Toutes les tentatives de faire produire cette orchidée hors de son aire naturelle d'origine se soldent par des échecs. On ignore en effet jusqu'au XIXe siècle que des abeilles indigènes jouent un rôle fécondateur indispensable à la formation du fruit. La première pollinisation artificielle du vanillier est réalisée en 1836 au jardin botanique de Liège par le naturaliste belge Charles Morren, puis en 1837 par l'horticulteur français Joseph Henri François Neumann. Ce n'est cependant qu'en 1841 qu'un jeune esclave réunionnais de douze ans, Edmond Albius, crée le procédé pratique encore utilisé de nos jours. Cette méthode de pollinisation fait de l'île Bourbon (aujourd'hui La Réunion) le premier centre vanillier de la planète quelques décennies seulement après l'introduction de l'orchidée sur place en 1819. La vanille a aussi été longtemps cultivée à la Guadeloupe et à la Martinique. Ce sont les planteurs réunionnais qui introduisent vers 1880 à Madagascar la culture de la vanille. L'engouement est rapide et la production malgache dépasse les 1000 tonnes en 1929, soit plus de dix fois celle de La Réunion. Mais le marché manquant de régulation, la vanille connaît cycliquement des crises de surproduction. Malgré la concurrence d'autres pays tropicaux comme l'Indonésie et l'émergence de nouvelles dynamiques de conquête du marché comme dans l'État du Kerala en Inde, Madagascar conserve toujours aujourd'hui largement son rang de premier exportateur mondial. La vanille est utilisée en différents points du globe pour ses vertus médicinales. Les Aztèques, qui étaient les premiers à consommer la vanille, l'utilisaient comme diurétique et comme dépuratif. Réputée pour stimuler le système nerveux, son utilisation à des fins thérapeutiques varie ensuite d'un lieu à l'autre. La vanille est d'autre part fréquemment utilisée en cosmétique. Elle serait en effet régénérante, hydratante, nourrissante et adoucissante.