Coup de théâtre, hier, dans l'affaire du cargo Arctic Sea, disparu depuis fin juillet et localisé vendredi dans l'océan Atlantique, au large du Cap-Vert : son armateur finlandais, Sol Chart, a annoncé qu'une rançon a été demandée, ce qui confirme que le bateau a été bel et bien victime d'un acte de piraterie dans les eaux européennes. Elle donne consistance aussi aux propos tenus par les experts qui ont évoqué un acte de piraterie «différent» de ceux en usage dans les autres océans, notamment au large de la Somalie, de l'Afrique de l'Ouest et du sud-Est asiatique. Ces experts ont en effet souligné qu'il ne s'agit pas d'un acte de piraterie «traditionnelle» et se sont interrogés sur le modus operandi des pirates qui ont réussi à déjouer la vigilance des services des garde-côtes de plusieurs pays européens. Des questions n'ont pas manqué d'être soulevées aussi sur cet acte survenu dans l'une des voies maritimes les plus surveillées au monde. On a également évoqué un règlement de comptes aux relents mafieux et douté de la vraie cargaison de l'Arctic Sea, certains suggérant que le navire transportait de la drogue, d'autres des armes. Au large du Cap-Vert «Le navire Artic Sea se trouve à quelque 400 milles marins (740 km) d'une des îles du Cap-Vert, donc, pour le moment, hors des eaux territoriales du Cap-Vert», a indiqué vendredi une source militaire au sein des garde-côtes cap-verdiens. Le service de surveillance des côtes de l'archipel est «en contact avec des agences et organismes internationaux l'informant, à tout moment, de l'évolution de l'avance du bateau», a ajouté la même source. Dans l'après-midi, le directeur général de la Défense du Cap-Vert, Pedro Reis, assurait de son côté à l'agence portugaise Lusa que le navire se situait «à une distance de 400 milles au nord de Sao Vicente, hors de la zone économique exclusive du Cap-Vert». A Paris, le Service français d'informations des armées (Sirpa mer) a confirmé la position du navire et qu'«un avion portugais l'aurait survolé». Mais les Portugais sont restés muets sans démentir l'information. «Les forces aériennes portugaises n'agissent pas seules dans cette affaire», a-t-on déclaré à Lisbonne. A Praia, l'ambassadeur de Russie, Alexandre Karpouchine, a assuré que la localisation du cargo ne lui avait pas été confirmée «officiellement» par la hiérarchie militaire cap-verdienne. Sans dire dans quelle région, le diplomate a assuré que «les recherches se poursuivent et impliquent non seulement des navires et des sous-marins militaires russes mais aussi des satellites et d'autres moyens de détection». Le cargo victime de deux attaques L'Arctic Sea, un vraquier battant pavillon maltais, est composé d'un équipage de 15 marins russes. Il transportait une cargaison de bois estimée à plus d'un million d'euros. Parti de Finlande le 23 juillet, il était attendu le 4 août au port de Béjaïa, mais, depuis le 28 juillet, il n'a plus donné de ses nouvelles. La police suédoise avait annoncé que le cargo avait été abordé en mer Baltique le 24 juillet par des hommes masqués qui seraient restés à bord une douzaine d'heures. Le 3 août, l'organisme international de coopération policière Interpol évoquait également un abordage. Vendredi, un porte-parole de la Commission européenne, Martin Selmayr, a fait état de «deux attaques» contre le bateau : la première au large de la Suède, la seconde, au large du Portugal. Mercredi, le président russe Dmitri Medvedev avait ordonné de «prendre toutes les mesures nécessaires pour retrouver et, si besoin est, libérer» le cargo et son équipage. La Russie et l'Otan disent être en contact permanent pour suivre cette situation qualifiée de «dramatique» par l'ambassadeur de Russie auprès de l'Otan, Dmitri Rogozine. De son côté, la marine américaine «est informée de la situation et surveille».