Il faut craindre que la réponse ne soit pas très optimiste. Une brève virée chez un boucher et un marchand de volailles de Dely Brahim nous en a convaincus. Cette petite phrase du vendeur de poulets est très significative, d'autant que le monsieur parle d'expérience : «La première semaine du Ramadhan, il est sûr que les prix augmenteront car tout le monde achètera de la viande tous les jours. Après, il y aura une baisse, peut-être…» Pourtant, il nous informe que cette semaine, les prix à l'achat du poulet et de la dinde ont chuté respectivement de 40 et 20 dinars, alors qu'ils se sont envolés durant les grosses chaleurs, les éleveurs ayant perdu parfois jusqu'à 50% de leur production. Actuellement, le poulet acheté à 295 dinars le kilogramme est revendu à 325, et la dinde à 35O est revendue au même prix, car une fois débitée, les morceaux, selon leur qualité, sont cédés à différents prix et le commerçant y gagne. En matière d'approvisionnements, ceux-ci viennent d'aussi loin que Boudouaou, Tablat ou Akbou. La volaille est directement amenée à l'abattoir de Staouéli par son frère qui récupère la marchandise une fois estampillée par le vétérinaire, et, ce, dès 6 h du matin. C'est sur un ton un peu plus alarmé que nous a parlé notre deuxième interlocuteur, soit le propriétaire de la boucherie «Le Carrefour», sise, comme le marchand de volaille d'ailleurs, au quartier dit RTT-Dely Brahim, une dénomination datant de la période coloniale.Pourtant, ce boucher, qui se dit prêt à fermer boutique si sa marge bénéficiaire demeure aussi faible (entre 20 et 70 DA), dispose d'un avantage certain en ce que, pour la viande ovine, il dispose de son propre cheptel qu'il élève au domaine Bouchaoui. L'abattage a lieu à l'abattoir de Cheraga. En ce qui concerne la viande bovine, il s'approvisionne sur pied en Kabylie, précisément d'Azazga, et les bêtes sont directement transportées aux abattoirs de Ruisseau ou d'El Harrach. Le kilogramme de veau lui revient à 670-680 DA, revendu à 750, et celui du mouton entre 850 et 880 DA, revendu à 900 DA pour le tout-venant, les parties nobles ou sans os étant beaucoup plus chères. Il s'attend, néanmoins, à une flambée des prix durant le Ramadhan à l'achat comme à la vente, conséquemment. On ne pouvait terminer cette petite enquête sans s'informer sur les prix de la viande congelée, cette denrée de secours pour les bourses modestes. Et, là, surprise ! En effet, un commerçant situé dans le même quartier nous apprend que le prix de la viande congelée a surenchéri depuis le 25 juillet suite à la taxation de 17% adoptée par le gouvernement de ce produit importé à 100% et qui a porté à 480 DA le kilogramme de ce produit. Comme quoi, la loi des finances 2009 a provoqué des dégâts collatéraux sur ce type de marché, dégâts qui se transmettront évidemment aux petites bourses. CQFD : les prix en prendront pour leurs aises durant le mois de ramadhan à venir. C'est clair pour tout le monde. Comme tous les ans, en dépit des prêches religieux et même administratifs !