Tlemcen, la «perle du Maghreb», comme la surnomment ses habitants pour sa fascinante architecture hispano-mauresque, compte de nombreux sites touristiques et monuments historiques, comme Sidi Boumediène, Honaïne, les mosquées almoravides de Tlemcen et de Nedroma, les grottes de Aïn Fezza, le tombeau Rabb Aln'Kaoua… Les influences berbère, arabe, turque et française font de cette ville un centre de rayonnement culturel et propice au tourisme. Deuxième ville de l'Oranie, fière de son passé glorieux et prospère, de ses monuments et de ses faubourgs hispano-mauresques, de ses sites naturels, c'est par excellence la «ville d'art et d'histoire». Située dans l'arrière-pays, au cœur d'une région de vignes et de culture d'oliviers, elle est réputée pour ses cuirs, ses tapisseries et son industrie textile. Les influences culturelles berbère, arabe, andalouse, ottomane et française en ont fait une ville au charme sans pareille. A la fin du IIe siècle, un poste militaire romain fut installé sur un piton rocheux qui domine la plaine de Chetouane (anciennement Négrier). «Pomaria» est un nom latin qui signifie «vergers», sans doute en référence à la plaine fertile qu'il domine. C'est l'acte de naissance d'une cité qui va jouer un rôle religieux important, en devenant le siège d'un diocèse catholique : l'évêque Victor, qui y officia, a joué un rôle important au concile de Carthage de 411.Vers 17 après J.-C., Tacfarinas souleva toutes les tribus gétules (zénète) contre la présence romaine. Il mourut dans la région de Pomaria. Les seuls vestiges de cette époque romaine sont des pierres tombales enchâssées dans la structure du minaret d'Agadir. De la fin de la domination romaine à la pénétration musulmane, on connaît peu de choses de l'histoire de cette région d'Afrique du Nord, qui va traverser une période caractérisée par l'anarchie et le morcellement politique et l'apparition de principautés berbères dirigées par des roitelets locaux. De 429 et jusqu'aux Idrissides de 789 à 974, la cité prit le nom berbère d'«Agadir», ce qui signifie rocher, fortin. Selon Ibn Khaldoun, la région était le royaume des Zénètes avant l'arrivée des Omeyyades. Ces tribus s'adonnaient à la vie pastorale et à l'agriculture. Ce sont les Banou Ifren qui fondèrent Agadir. Le même auteur signale que les Maghraoua furent les premiers Berbères à discuter avec le calife Uthman Ben Affan, lors de l'avènement de l'Islam et Ouezmar Ibn Saclab fut leur premier ambassadeur auprès du calife qui le désigna pour gouverner les Zénètes. De 767 à 776, avec à leur tête Abou Qurra, qui rassembla toutes les tribus kharidjites du Maghreb, les Banou Ifren, d'obédience sufrite, prirent une part active à la révolte kharidjite qui secoua l'Afrique du Nord peu après l'arrivée des Arabes. En 789, la cité était sous suzeraineté idrisside en raison de la soumission des Banou Ifren et des Maghroua à Idrîs Ier. A la chute des Idrissides, Agadir passa sous la direction d'émirs maghraoua (les Béni Khazer), puis banou ifren (les Yala dont le chef était Yala Ibn Mohamed). Ce dernier fut tué par Jawhar Al Siqilli (chef fatimide), ce qui provoqua un grand conflit dans toute la région de Tlemcen. Les Maghraoua et les Banou Ifren s'unirent contre les Zirides, vassaux des Fatimides. Cette union des Zénètes leur permit de rester souverains dans la région ouest du Maghreb. Mais Ziri Ibn Attia, chef des Maghraoua, fit une alliance avec les Zirides, ce qui provoquera la réaction de Yeddou des Banou Ifren qui fit la guerre aux trois grands du Maghreb : Maghraoua, Zirides et Omeyyades. Yeddou fut vaincu par Ziri Ibn Attia. Ce conflit provoqua la conquête des villes de Fès, Salé, Oujda, Oran, Tanger, Tiaret... Les Maghraoua et les Banou Ifren chassèrent les Berghouata et tout le Maroc actuel fut sous domination de ces deux tribus qui se battront pour garder Fès comme capitale. Tlemcen perdit son titre. Ziri Ibn Attia vaincu par les Omeyyades, plusieurs chefs des Ifrenides et des Maghraouides vont diriger toute la région. Mais le conflit entre les deux dynasties demeurera jusqu'à l'arrivée des Almoravides. Les Banou Ifren furent attaqués par la coalition Hammadides-Hilaliens en 1058, et ces derniers l'emportèrent. Abou Soda des Banou Ifren de Tlemcen fut le dernier commandant des troupes zénètes à tenir contre les attaques de cette coalition. Après sa défaite, presque tout le Maghreb sera sous contrôle des Hilaliens et du restant des Hammadides. La dynastie Ifrenide a été reconnue comme étant la seule dynastie qui a défendu les Africains dans le Maghreb. Les Almoravides vont écraser la domination zénète au Maroc et dans une partie de l'Algérie Au XIe siècle (1080), avec l'installation des Almoravides, le site de la ville fut déplacé un peu plus à l'ouest : c'est «Tagrart» (station) qui devint, après Marrakech, la seconde capitale de l'empire qui englobait le Maroc actuel et une partie de l'Algérie occidentale. C'est à cette période que l'on commença à employer le mot Tilimsàn. La nouvelle ville annexa Agadir au cours de son expansion. La ville de Tlemcen connaîtra une certaine dynamique dans la construction sous les Almoravides. Au XIIe siècle, Abd El Moumen entra en 1145 à Tagrart en conquérant après avoir détruit ses remparts. Tlemcen, par son rôle stratégique, devenait un chef-lieu de province. Les Almohades y travaillèrent à l'envi ; ils firent édifier des châteaux, de grandes maisons, des palais et de solides remparts. Ils contribuèrent ainsi à l'évolution de Tlemcen, où était frappée leur monnaie et où ils construisirent des fondouks (caravansérails) et un port à Honaïne pour le commerce transafricain et méditerranéen. Les Almohades y édifient des fortifications. Deux cités y coexistent, une est habitée par les officiels et la seconde par les habitants. A cette époque, Tlemcen est un centre commercial de premier plan et la capitale du Maghreb central. Le royaume de Tlemcen, fondé en 1235, connaît un destin hors du commun. Ce royaume est d'abord dirigé par Yghomracen Ibn Zyan, de la dynastie zénète des Abdalwadides, pour un règne qui va durer près de cinquante ans. Yghomracen Ibn Zyan fait construire une grande mosquée. Son règne est rapporté par Ibn Khaldûn, qui mentionne des anecdotes à son sujet. Ainsi, le roi, qui est décrit comme magnanime, se riait des généalogistes qui voulaient le faire descendre du Prophète Mohamed (QSSSL), et devant ceux qui voulaient inscrire son nom sur un minaret qu'il avait fait élever à Tlemcen, il répondit dans la seule langue qu'il connaissait, le berbère : «Dieu sait» (Issen Rebbi). En 1370, Ibn Khaldûn est venu se réfugier chez le sultan zianide de Tlemcen, Abou Hammou Moussa II, alors qu'une guerre éclate entre la cité et Fès. Il y assume les fonctions de grand vizir de la cour, l'un des plus hauts postes qui lui ait été attribué, et prend en charge une mission à Biskra, en vue de recruter des soldats parmi les tribus arabes des Dhawawidas. Son séjour à Tlemcen constitue ainsi une étape très importante dans sa vie. Durant ses différents passages à Tlemcen, il enseigne aussi dans la médersa khaldouniya, située dans le quartier d'El Eubad, à proximité de la mosquée de Abou Madyane, considérée comme un joyaux architectural. Au XVe siècle, à son apogée, cet Etat contrôlait un territoire allant de l'Atlas à l'actuelle Tunisie. Il attirait les savants et les artistes de toutes parts. Cette ville était aussi un centre d'études musulmanes, qui comptait cinq médersas renommées. Les Tlemcéniens admiraient Sidi Wahhab, qui fut le compagnon du Prophète et qui, venu à la suite de Oqba, avait été enterré dans la ville ; Sidi Daoudi, le grand saint du Xe siècle et surtout Abou Madyane, le célèbre mystique andalou du XIIe siècle. En 1553, l'effondrement des trois dynasties du Maghreb (Mérinides, Abdalwadides et Hafsides) donne naissance, en Algérie en particulier, à une multitude de villes royaumes et cités Etats, telles que le royaume de Ténès, le royaume d'Alger, le royaume de Cherchell. Simultanément à ce démembrement, les attaques sur les villes du littoral, menées par les Espagnols, sèment la peur et la désolation chez les populations d'alors, qui font appel comme l'émir d'Alger aux célèbres corsaires Aroudj et Kheir-Eddine Barberousse pour assurer leur défense. Le royaume de Tlemcen passe alors sous la protection ottomane. Cette transition, qui s'est déroulée durant l'agonie de la dynastie des Abdalwadides, ne s'est pas faite facilement. Des conflits apparaissent très vite : Aroudj exécute l'émir d'Alger dans son bain et pourchasse ses fidèles, qu'il poursuit jusqu'à Tlemcen. Mais le sultan de Tlemcen, allié au gouverneur espagnol d'Oran, surgit avec ses troupes, chasse Aroudj de Tlemcen et finit par le tuer. Un troisième frère d'Aroudj, Ishaq, prit une faible part à la fondation de la Régence d'Alger. Nommé roi de Ténès avec résidence à El Kalaâ, il fut assassiné en 1518, au moment où il sortait de la capitale qu'il venait de livrer par suite d'une capitulation à l'armée espagnole commandée par Dom Martin d'Argote, qui avait amené avec lui les contingents musulmans restés fidèles à Abou Hammou, sultan de Tlemcen. Khizr, frère de Aroudj, prit sa succession à Alger et se fit appeler «Khayr Ed Din» («le bien de la religion»). Nommé capitan pacha (grand amiral) de la flotte turque et beylerbey (gouverneur) des îles, il se montra plus prudent que son frère, et dirigea depuis sa capitale ses armées.