Comme à chaque année à la veille du mois de Ramadhan, un grand rush des consommateurs sur les marchés publics est constaté. C'est le grand déferlement des femmes au foyer qui préfèrent s'approvisionner la veille pour éviter les pénuries et programmer un menu riche le premier jour. C'est le même scénario qui se répète. Les Algériens envahissent les marchés et achètent de tout, malgré la hausse vertigineuse des prix des fruits, légumes et viandes. C'est la fièvre acheteuse qui s'empare des Algériens au point de faire des folies, au grand bonheur des commerçants qui enregistrent des bénéfices inégalés. Les prix affichés sont inabordables en dépit de la mise en garde du gouvernement de punir sévèrement les dépassements. Les Algériens sont de grands dépensiers durant le mois sacré. Ils deviennent bizarrement matinaux. A 9h déjà les marchés sont inondés. Au-delà de midi, certains produits sont introuvables sur les étals. «L'année dernière au premier jour du mois de ramadhan, nous avons mangé la chorba sans bourek. A 14h, les épinards et les diouls n'étaient pas disponibles. J'ai décidé de ne pas faire la même erreur. Cette année, j'achète la veille», explique Zahia, une mère de famille rencontrée au marché d'El Biar, où les prix sont plus accessibles qu'à Chéraga, Ben Aknoun ou El Harrach. Pour Samia, il est important de s'approvisionner pour au moins trois jours : «Les trois premiers jours, la marchandise est facilement écoulée la matinée. Souvent, je ne trouve pas de coriandre ni persil ni d'épinards. Je les préfère frais mais je les stocke 1 à 2 jours pour ne pas risquer de tomber en panne.» Au cours d'une virée dans les marchés de la capitale, nous avons constaté une grande différence dans les prix d'un marché à l'autre. Le coût d'un kilo de dattes se situe autour de 250 à 450 DA, alors que la viande ovine coûte 650 DA au marché d'El Afia, (les Sources) et 900 DA à El Harrach. Idem pour le poulet qui est cédé à 280 le kilo au marché de Chéraga et à 330 DA à El Harrach. Pour le raisin, son prix oscille entre 100 et 160 DA. C'est l'anarchie totale ! Certains légumes de saison sont tout simplement inaccessibles aux bourses modestes. Un kilogramme de tomate coûte 90 dinars, le poivron 120 DA et les haricots verts 100 dinars. Même pour les fruits et légumes, les prix sont différents de façon considérable d'un commerçant à l'autre. La pomme de terre est cédée entre 35 et 50 dinars, la courgette 60 et 80 dinars, la tomate 40 et 90 dinars, les carottes 60 et 80 dinars, les oignons 35 et 45 dinars. Les prix du citron continuent de flamber. Même si son prix a dégringolé de 400 à 200 dinars, il reste excessivement cher pour les petites bourses. Les consommateurs sont moins nombreux, lorsqu'on atteint le rayon réservé aux viandes. Les prix affichés sont carrément décourageants : 900 dinars et 850 DA pour la viande bovine. La viande congelée est proposée à plus de 500 dinars. Idem pour les escalopes de dinde qui oscillent entre 400 et 500 dinars. A la sortie du marché Ali Mellah (1er mai), un rush est observé également autour des étals de jeunes commerçants qui proposent différents produits spécial Ramadhan : du flan avec différents arômes, des fruits en conserve, des boîtes de thon, des gâteaux importés… ou encore de la jolie vaisselle proposée à des prix alléchants. En tout cas, c'est une bouffée d'oxygène pour certaines femmes au foyer qui n'hésitent pas à débourser toutes leurs économies en pensant décrocher la bonne affaire.