Le récent ouvrage L.S.D. de Djamel Mati paru aux éditions Alpha est une magnifique et fantastique parabole sur l'humanité et la mission de l'homme sur terre. Sauvez Gaia, tel semble être le leitmotiv qui revient comme une antienne. Ce roman au titre aguicheur qui renvoie à un hallucinogène et à la chanson des Beatles très en vogue à l'époque hippie comporte tous les ingrédients souvent extravagants d'un polar avec en prime suspense et faits fantasmagoriques. Si la genèse de l'homme s'est effectuée sans encombre, l'humanité n'a pas su cheminer aisément et vivre harmonieusement avec la nature. Aussi, sa mission sur terre s'avère-t-elle périlleuse. LSD, une drogue dure L'histoire débute en 1967 avec l'échec à l'examen d'anthropologie de la Severnale Academy de Shrewsbury de Charles Darwin Jr, petit-fils du savant connu pour sa théorie sur l'évolution. Il se shoote au LSD avec sa fiancée Sully Lennon qui attend un enfant. Charles a des acouphènes et voit Lucy l'australopithèque en rêve ; elle l'emmène gambader et voir l'humanité à travers les âges. Celle-ci peu encline est décevante. Charles en compagnie de Lucy traverse le temps des origines du monde à l'époque 2051 ; elle lui montre le désastre politique, économique et écologique. Son rôle sur terre, lui le petit fils du célèbre savant est considéré comme l'élu «maître de justice» marquant la fin de l'époque chrétienne. Aussi, la mort de Charles est salutaire pour le Vatican qui voit la réalisation d'une prophétie. Durant son périple sur terre, le constat est déroutant et désappointant. Le monde censé être harmonieux et satisfaisant, comme le paradis, a sombré dans une situation délétère. Ce qui fait dire à son héro «les humains imaginent qu'ils sont les seuls propriétaires de cette planète, ils oublient qu'ils ne sont que des locataires éphémères et surtout mortels. Le monde dérive d'une façon dangereuse ; on se mobilise pour le secours des forêts équatoriales, contre la pollution atmosphérique, et les produits toxiques pour la sauvegarde des océans et de leur faune.» Cette croyance s'apparente à l'obédience hippie qui prône le pouvoir des fleurs dont se réclame l'auteur. Un livre pour les nostalgiques Durant tout le récit, l'auteur Djamel Mati relate le big bang, le darwinisme, l'anthropocentrisme et le comportement de l'homme vis-à-vis de la nature. Dans cette vision, la narration est sous-tendue par l'idée cardinale de la mission de l'homme. Ce roman d'une écriture alerte, vive et très vivante recentre le débat sur la mission de l'homme ; «l'homme peut-être le centre du monde, mais il n'est pas le seul à régner». Cet ouvrage très bien documenté sort des sentiers battus et s'inscrit dans une optique originale. L'auteur Mati, qui est géophysicien de formation, nous donne une belle leçon d'humanité et d'écologie. A lire avec délectation. Aux nostalgiques des années 1970, c'est un véritable bain de jouvence.