La librairie Noun accueille cet après-midi, à partir de 15h, une rencontre littéraire avec l'auteur Djamel Mati autour de son dernier roman, sorti chez Alpha... Hippie dans l'âme, Djamel Mati malgré ses dehors très clean vient de commettre un livre bien compromettant qui flirte avec les psychotropes hallucinogènes, appelés communément L.S.D. Qui a bien pu lui mettre une idée pareille dans la tête, et surtout à évoquer avec une telle audace ce genre de drogues tissées savamment dans une belle intrigue ecclésiastique? Son ami écrivain et docteur Si Larbi? Mati se souvient bien avoir porté les pantalons pattes d'éléphant et les cheveux longs, reconnaît-il avec humour. Aboutissement d'une écriture déjà hallucinée, Djamel Mati n'en finit pas de partager avec nous ses délicieuses «élucubrations» non dénuées de fantaisie et de poésie, truffées de musicalité aussi, le tout, fruit d'une recherche en documentation bien pointue et rigoureuse. Tout commence par le Big Bang. Un couple, Charles Darwin junior échoue à son examen en anthropologie culturelle et sa copine Suly Lenon attend un enfant. Une petite tortue surnommé Who égaie leur appartement dans lequel surgira de nulle part le spectre de l'australopithèque Lucy, découverte au sud de l'Ethiopie, datant d'il y a 3 millions d'années, dans les plaines de l'Afar. L'inspiration vient de la célèbre Lucy in the sky with diamonds immortalisée par les Beatles et par la voix cristalline de Paul Mc Cartney. La musique de cette période charnière des années 1970 berceau d'une novelle génération «flower-power» faisant rage, accompagne à bon escient les bonnes feuilles de ce roman. L.S.D. en est parfumé. Des Beatles à John Lenon en passant par les Stones et Gorge Harrison. Polar évangélique, L.S.D. met dos à dos les évolutionnistes avec les créationnistes. La religion a sa part du gâteau, bien entendu. Livre à tiroirs aussi bien philosophique qu'ésotérique, le roman nous plonge dans le mystère du secret du monde bien entretenu par le pape...L.S.D. se veut métaphysique doublé d'existentialiste. Le méchant est un certain Sonny Natas dont le nom rappelle étrangement satan. L.S.D. se veut un roman à rebondissement, presque policier à la même veine que Da Vinci Code. Le roman ou le film ont-ils inspiré notre auteur? Charles entend la voix de Lucy et finira bientôt par la voir. Les pistes sont brouillées. L'espace et le temps s'entrechoquent. Lucy fini par apparaître, femme en chair et en os devant Charles. Mandaté par «Celui Qui Sait Tout» Charles a une mission, faire régner de nouveau l'amour et la paix sur terre pour que cesse la destruction de la planète prévue à l'aube de 2051. Date de l'Apocalypse, «tant attendue et souhaitée par les suppôts du diable», il s'agira de sauver l'humanité avant qu'il ne soit trop tard. Charles doit restituer ce dont l'homme doit à la nature après l'avoir «souillée» par ses mains, sinon c'est le retour à la case départ, à l'origine de l'humanité. Hiroshima et sa bombe nucléaire massive...«Comment cela est arrivé? Les créationnistes se sont joints aux évolutionnistes pour faire de l'homme un être anthropocentrique, se croyant le seul maître des lieux, dieu sur terre (...) Dans sa cupide frénésie, l'homme a oublié de réfléchir, de rêver, de créer, de raisonner et finalement faire prospérer l'art, le silence, la pensée, la philosophie, la culture...Ça c'est la part de la science, celle de l'église est tout autre, celle-là entraîne l'homme vers le même comportement, elle lui fait croire qu'il est à l'image de Dieu, qu'il est le seul être de l'univers à posséder les qualités nécessaires pour demeurer au dessus du reste. Les lieux du culte l'ont en quelque sorte divisé...». C'est ce que nous pouvons lire à la page 168. Djamel Mati se veut objecteur de consciences, sans pour autant prendre parti. Mais son engagement réside bel et bien dans la structure bien agencée de son écriture mûrie après plus de six romans au compteur, révélatrice ainsi d'un talent indiscutable. En effet, Djamel Mati a déjà publié Le bug de l'an 2000 chez l'OPU en 1999, Sibirkafi.com, un esprit tourmenté aux éditions Marsa en 2003, Fada! Fatras de maux, chez Apic, en 2004, Aigre doux, les élucubrations d'un esprit tourmenté chez Apic en 2005 et On dirait le Sud paru aussi chez Apic en 2007. L.S.D., paru cette année, chez Alpha Editions, confirme cette nouvelle ère de littérature algérienne, appelée communément «jeune génération», au style décalé, moderne et novateur qui rompt avec la soi-disant «littérature de l'urgence». On en a, en tout cas, grandement besoin. Enfin, une belle bouffée d'oxygène pour notre littérature. A saluer!