Sans pouvoir évaluer son réel impact sur l'économie algérienne, le marché parallèle de la devise a permis l'enracinement de la contrebande au niveau des frontières. C'est ce qui explique, selon des économistes, «la disparité du taux de change entre les différentes régions». La circulation des flux financiers informels a eu son importance dans les activités de la contrebande. Le taux de change est des plus élevés, au niveau des frontières algéro-tunisiennes par exemple, en raison des échanges commerciaux et sociaux, nécessitant des devises. Du fait que ce pays n'exige pas de visa pour les ressortissants algériens, elle est devenue la destination privilégiée à tel point que sur les deux côtés de la frontière il existe plusieurs marchés parallèles des changes permettant la conversion du dinar en monnaie tunisienne. Les économistes s'accordent à dire que c'est «l'Etat qui a créé les conditions socioéconomiques favorables à l'émergence de l'économie informelle». L'émergence des «banquiers informels» est la résultante de l'ouverture du marché, adossée aux restrictions à l'accès aux devises. Ces devises achetées au niveau du marché parallèle sont souvent destinées aux opérateurs et aux importateurs. Les activités de change informel se déroulent dans des espaces publics tels que les cafés et les commerces, au su et au vu des autorités. Depuis plusieurs années déjà, ces opérations sont devenues vitales pour l'économie nationale, au moment où «l'Etat s'est montré conciliant», remarque un économiste qui a requis l'anonymat. Caractérisé par l'absence d'informations, ce marché de la devise a permis au fil des années la création de réseaux financiers parallèles permettant la circulation de l'argent dans un processus de convertibilité de la monnaie algérienne en devise pour les besoins des opérateurs économiques et des importateurs. Certes, explique-t-on de même sources, «l'Algérie a recouru à ce système dans le but de freiner au maximum les transferts de fonds et de rapatrier les revenus des migrants par l'obligation de change qui leur était imposée lors de chaque entrée sur le territoire national». Mais les besoins en devises des importateurs afin de réaliser leurs transactions sont à l'origine du dynamisme du marché financier parallèle. Il s'agit là des importateurs qui ne réunissent pas les conditions requises par la réglementation relative à la convertibilité commerciale du dinar. A cet égard, l'émergence de ce marché est la conséquence d'un contrôle de change sévère, de l'inconvertibilité externe des monnaies et de la fixité de leur taux de change, a-t-on ajouté. Faiblesse du transfert sur le circuit officiel Le marché parallèle de la devise a favorisé le transfert de devises émanant de l'émigration par les circuits informels. C'est ce qui explique en partie la faiblesse du taux de transfert via le circuit officiel. Devenue la principale source de devises, l'émigration algérienne en France principalement transfère des sommes importantes par le biais d'un dispositif réticulaire qui structure ce marché. Contrairement aux pays voisins, l'Algérie n'a pas créé de structure permettant de capter les épargnes des émigrés algériens.