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Ghardaïa,l'ancrage de la religion
Publié dans Le Temps d'Algérie le 28 - 08 - 2009

«Ici, c'est la mosquée qui dirige tout. Seules comptent la loi du Coran et celle du Prophète, et non la loi de la nation, ni aucune autre.» Ces paroles d'un cheikh de Beni Isguen illustrent parfaitement l'importance de la religion après des populations de ces régions, régies par un conseil des affaires religieuses qui comprend les douze hommes clés d'une communauté religieuse qui s'est réfugiée, il y a mille ans, dans cet oued perdu au milieu du désert pour préserver sa façon de vivre, sa foi.
Ces hommes, ce sont l'imam, qui dirige la prière ; le muezzin, qui appelle les fidèles à la prière, cinq fois par jour ; les professeurs de l'école coranique ; les laveurs des morts, qui jouent un rôle essentiel ; les deux trésoriers.
Les villes du M'zab furent construites à partir de 1011, après l'ultime défaite de Ouargla. Ghardaïa, Taghardaït en berbère, est la plus connue de la pentapole du M'zab et la plus peuplée, mais cependant pas la plus ancienne, car elle n'a été fondée qu'en 1083, après El Atteuf, édifiée en 1011.
Un millénaire est passé depuis que la petite communauté ibadite, qui a suscité le premier schisme en islam dès 656, a refusé de renier sa foi et pris la route de l'exil pour échapper aux persécutions avant de s'installer ici. Les premiers ibadites ont fui l'Orient pour s'installer à Tiaret et Sédrata avant d'élire une vallée encaissée dans un lit d'oued pour lieu d'existence et de vie, lieu de retrait pour préserver leur croyance qui se voulait une interprétation rigoureuse de l'islam dans le respect des valeurs du travail et surtout dans le respect de la vie et de l'environnement.
Car qu'est-ce que la frugalité, la discipline et le refus du gaspillage qui caractérisent les Mozabites si ce n'est une forme d'écologie ? Durant un millénaire, les ibadites ne se sont pas écartés de cette voie, montrant par là même que leur discipline, leur rigueur et leurs restrictions peuvent se marier avec une forme de modernisme, du moins avec l'amour des sciences et des techniques.
Considérés comme des kharidjites, les gens du M'zab ont récusé cette appellation. Ils préfèrent simplement se dire ibadites, s'opposant par là aux autres musulmans algériens, les malékites. Malékites et non sunnites, car à leurs yeux, les ibadites sont les vrais sunnites, les seuls qui observent pleinement la vraie sunna ou tradition du Prophète.
Les Beni Wassin, qui sont issus de la tribu ibadite originelle, s'installèrent donc dans la vallée du M'zab et adoptèrent le mode pastoral, puis ils se sédentarisèrent dans des ksour construits sur les collines surplombant l'oued. Le premier édifice qu'ils réalisèrent est la mosquée, qui était à la fois lieu de prière, magasin, dépôt d'armes et forteresse. Cependant qu'au bas de la colline, la classique place du marché était le lieu de rencontre et d'échanges commerciaux.
La mosquée, que l'on a toujours pris soin de bâtir sur la plus haute crête du ksar, s'intègre parfaitement à l'architecture de la ville et de loin, c'est elle, et elle seule, qui se distingue au milieu de l'amoncellement de cubes parfaitement similaires s'accrochant à la colline.
La mosquée de Sidi Brahim, la plus ancienne et qui se trouve à El Atteuf, a hérité du nom du mausolée du saint auprès duquel elle a été construite. Cette mosquée funéraire comprend une petite salle circulaire semi souterraine.
En mezzanine, se trouve une salle beaucoup plus petite réservée aux femmes. Celles-ci ne peuvent certes pas voir l'imam ni les hommes du fait du mur qui sépare les deux salles, mais entendre la voix du cheikh quand elle entonne le discours ou la prière..., et ce, grâce à un trou percé dans le mur. C'est cette petite mosquée d'El Atteuf qui a séduit Le Corbusier et inspiré les principes de son architecture fonctionnelle et les lignes de sa célèbre chapelle de Ronchamp, en Haute Saône.
Le ksar adossé à une colline
Les principes architectoniques et urbanistiques initiaux des ksour se sont perpétués jusqu'à ce jour, avec ces rues étroites qui serpentent toutes vers le sommet de la colline, lequel sommet est réservé à la mosquée et à la tour de guet. Le marché, quant à lui, se situe au niveau le plus bas, qui se trouve être une surface naturellement plane permettant d'accueillir le maximum de gens, dont des étrangers. Ce retrait du marché par rapport aux domiciles prémunit des mélanges avec la gent féminine qui, jusqu'à ce jour, ne fréquente pas ces lieux de commerce, ou très rarement, à certaines occasions comme les fêtes et les foires.
Architecturalement, nous sommes en plein dans le passé où que nous soyons à Ghardaïa. Voilà la grande spécificité de cette casbah, de ce ksar plutôt, car au Sahara c'est ainsi qu'on appelle les villes anciennes, le mot casbah étant réservé aux sites urbains du nord de l'Algérie.
Ici le luxe est partout banni. Seules comptent la fonction de l'espace, et la rigueur avec laquelle on l'occupe.
Toutes les demeures sont pareilles, avec un même agencement de l'espace, ne laissant place à aucune improvisation, à aucune surprise, comme si elles avaient été construites pour les membres d'une seule et même famille. Opulence est un mot trop grand, voire inadapté à cette culture où l'individu se satisfait du strict nécessaire, non pas par avarice mais par solidarité avec sa communauté et par refus du gaspillage.
L'austérité des habitations des ibadites se retrouve aussi bien dans la mosquée, ainsi que dans tous les ksour de la vallée : la pierre, le ciment et le bois de palmier constituent les seuls matériaux de construction utilisés ici, si l'on exclue le verre pour les fenêtres, et les rares éléments métalliques intégrés dans la construction. Ce n'est pas à Ghardaïa qu'on trouvera une réplique de la mosquée de Cordoue, de Kaïraouan ou du Caire.
Le luxe, les décors somptueux, les lustres en cristal, les tapis, la faïence, les dorures, les enluminures, les vitraux, les calligraphies, les stucs, les boiseries finement ciselées, les incrustations dorées ou en cuivre, les minbars en ébène ou autre essence rare, les cours dallées de marbre avec les jets d'eau des fontaines toujours chantantes, les arcades à l'infini et les colonnes aux mille motifs géométriques et floraux, ce n'est pas à Ghardaïa qu'il faut les chercher, et encore moins dans une mosquée !
Les murs sont lisses, sans décor ou très rarement avec un des motifs sommaires issus de le symbolique berbère. Rien qui ne soit fonctionnel n'a sa place ici, comme si cette communauté, sans pour autant l'écrire quelque part, avait définitivement exorcisé le superflu, le superficiel, comme si elle avait juré de ne jamais s'encombrer de ce qui n'est ni nécessaire ni fonctionnel. Finalement, c'est cette austérité et cet ascétisme qui lui ont permis de préserver son milieu, déjà démuni.
Et quelque part, cette culture est par essence soufie, dans le sens où elle hait le gaspillage. C'est de chaux que sont recouverts les murs. L'on se contente de trois couleurs ou quatre couleurs : le blanc, l'ocre, le bleu et le vert. Inutile d'en ajouter d'autres pour obtenir ces harmonies qui donnent aux ksour de la pentapole toute leur beauté, et une certaine majesté même à la plus humble des maisons.


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