Malgré les différentes déclarations des responsables des pays membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) quant au maintien de l'actuel niveau de production, certains analystes estiment qu'il serait imprudent d'écarter entièrement la possibilité d'une surprise lors de la réunion de l'organisation qui se tiendra demain à Vienne. Leur motif est l'insatisfaction exprimée par les pays producteurs qui considèrent que le prix du baril devrait être supérieur au niveau actuel. Dans un contexte marqué par un marché qui n'a pas encore atteint le niveau de stabilité auquel il espérait, les pays producteurs réclament un juste prix satisfaisant pour l'ensemble des producteurs, des consommateurs et des investisseurs. Selon l'organisation, les prix doivent être de 75 dollars pour pouvoir poursuivre les investissements. Même s'ils sont, à présent, autour de ce niveau, il faut voir ce que représentent vraiment 70 dollars dans la mesure où la valeur du dollar a baissé, pensent certains analystes. Si l'Opep attendait jusqu'à décembre pour diminuer ses quotas, il faudrait qu'elle procède à une baisse bien plus prononcée pour que les stocks de l'Ocde reviennent à des niveaux normaux, anticipent-ils, notant qu'une «baisse de production doit être envisagée» car «l'équilibre offre-demande est encore très faible». Le niveau des stocks reste très élevé et la demande n'est pas franchement repartie, expliquent des analystes. «L'impact de la récession a affecté la demande de pétrole cette année, contribuant en partie à la forte reconstitution des réserves. Ce surplus des stocks est un motif d'inquiétudes pour les producteurs qui se réunissent à Vienne pour décider de leur stratégie pour le reste de l'année», ont expliqué certains analystes. Mais la décision d'une nouvelle baisse pourrait gêner l'Arabie Saoudite. Une demande d'une nouvelle baisse émanant de ce pays risque d'être perçue comme une menace pour la reprise balbutiante de l'économie mondiale. «Au moment où le monde lutte pour sortir de la récession, une hausse des prix de l'énergie serait malvenue, et l'Arabie Saoudite en est consciente», expliquent des analystes. Ils confortent ainsi les pronostics de certains experts qui pensent que l'Opep devrait maintenir ses quotas de production et conserver son objectif de production de 24,845 millions de barils/jour. La réunion de Vienne devra être une occasion pour exhorter les membres du cartel à mieux respecter les réductions décidées l'automne dernier, qui totalisent 4,2 millions de barils par jour (mbj), soit environ 5% de la demande mondiale quotidienne, pour soutenir les cours du brut. Le président de l'Opep, le ministre angolais du Pétrole, José Maria Botelho de Vasconcelos, a avancé, il y a quelques jours, que l'organisation, qui fournit 40% de l'or noir dans le monde, gardera inchangés ses quotas de production lors sa réunion à Vienne. Pour sa part, l'Iran, deuxième exportateur de pétrole au sein de l'Opep, avait confirmé dimanche qu'il ne s'attendait pas à une nouvelle baisse de la production de brut. Même les membres durs de l'organisation, comme l'Iran ou le Venezuela, n'ont pas réclamé cette fois un sevrage plus poussé du marché. Les responsables du surplus de production interpellés Les pays du Golfe, qui ont appliqué à la lettre les consignes, pourraient donc faire pression sur les «tricheurs», notamment l'Angola ou l'Iran, deux pays qui seraient responsables de la moitié du surplus constaté par l'Agence internationale de l'énergie (AIE). Devant les circonstances actuelles de l'offre et de la demande, l'Opep anticipe une reprise avec la fin de la récession et l'approche de l'hiver dans les pays développés. Les cours du brut ont plus que doublé depuis le mois de décembre, où ils s'étaient écroulés à 32,40 dollars, et ils évoluent depuis un mois autour de 70 dollars. Les experts estiment que «la production de l'Opep et les cours resteront à leur niveau actuel jusqu'au deuxième trimestre de l'an prochain, à moins de développements exceptionnels». Le marché conforté par la dernière décision du G20 Les cours ont été confortés par la décision des pays du G20 de maintenir les plans de relance afin de juguler le ralentissement économique mondial. Les ministres des Finances du G20 réunis à Londres vendredi et samedi derniers ont promis de continuer à mettre en œuvre les mesures de soutien financier d'urgence «jusqu'à ce que la reprise (économique) se soit stabilisée». Les prix ont évolué en petite hausse, hier, en début d'échanges européens, suivant les mouvements des Bourses. Le baril de brent de la mer du Nord pour livraison en octobre prenait 45 cents par rapport à la clôture de vendredi à 67,27 dollars, sur l'Inter Continental Exchange (ICE). Le brut léger texan (WTI) pour livraison à la même échéance gagnait 32 cents à 68,34 dollars sur le New York Mercantile Exchange. Il y a une semaine, les cours du pétrole ont conclu sur une baisse marquée, notamment à Londres, où ils ont perdu 6,13 dollars vendredi soir par rapport à une semaine plus tôt, contre 4,89 dollars à New York. A Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en octobre a terminé à 66,82 dollars vendredi contre 72,95 dollars vendredi d'avant. A New York, le baril de light sweet crude pour la même échéance a fini à 68,02 dollars vendredi contre 72,91 dollars une semaine plus tôt. Comme le rapport entre l'offre et la demande demeure lâche, avec des stocks très élevés aux Etats-Unis, les prix du brut s'échangent actuellement en fonction de facteurs extérieurs, comme la Bourse et le marché des devises. Avec le redressement économique mondial, le prix du pétrole se stabilise actuellement à hauteur de 70 dollars le baril.