L'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) s'achemine vers le maintien du niveau actuel de la production. D'après les positions exprimées par certains ministres siégeant à l'OPEP ainsi que les prévisions fournies par des analystes, il est attendu que la réunion de Vienne d'aujourd'hui s'achève sur une reconduction des quotas en vigueur. Le président de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), Mohammad Ben Zaën Al Hameli, a souligné avant-hier que son organisation chercherait, au cours de sa réunion, à favoriser la stabilité du marché. Pour ce responsable, également ministre de l'Energie des Emirats arabes unis (EAU), « toute décision qu'adoptera l'Opep prendra en considération la stabilité des marchés internationaux ». M. Hameli, qui s'exprimait avant son départ pour Vienne, a ajouté que « le marché pétrolier est actuellement suffisamment approvisionné », rapporte l'agence officielle Wam. De son côté, le ministre du Pétrole du Venezuela, Rafael Ramirez, défend ladite option en estimant qu'il faille attendre « au moins jusqu'à décembre » avant de décider d'une éventuelle augmentation de l'offre. Appréciation partagée par son homologue iranien, Gholam Hossein Nozari, qui estime : « Il n'y pas de pénurie sur le marché du pétrole. » Le ministre qatari du Pétrole, Abdallah Al Attiyah, a déclaré qu'« il n'y a pas lieu d'augmenter la production d'autant qu'il y a un équilibre entre l'offre et la demande et que le marché ne souffre d'aucune pénurie ». Le Koweït, qui sera représenté à cette réunion par son ministre du Pétrole par intérim, Mohammad Al Olaim, fait observer à son atterrissage à Vienne que « pour le moment les chiffres n'orientent pas vers une hausse de production », avant de souligner que l'envolée des cours pétroliers n'est « pas liée à l'offre et la demande ». Pour ce responsable, il est évident qu'une hausse de la production « n'aurait pas d'impact direct sur les prix ». Si les membres de l'organisation pétrolière renvoient le même message, l'Agence internationale de l'énergie (AIE), représentant la voix des pays consommateurs, estime que le marché pétrolier restait « très tendu ». Son nouveau directeur exécutif, Nobuo Tanaka, a évoqué lors d'une rencontre à Berlin le souhait des Occidentaux de voir l'Opep augmenter sa production afin de faire baisser un peu les prix du pétrole au moment où l'économie mondiale tente de juguler les méfaits de la dernière crise dans l'immobilier américain. L'Opep, qui a subi l'effet prolongé de la crise asiatique 1997-1998, ne l'entendra pas forcément de cette oreille. Pour rappel, l'Opep produit environ 30,5 millions de barils par jour (mbj) et dispose d'une capacité de production en réserve de quelque 4 mbj jusqu'à la fin de l'année 2007. La production des dix pays soumis aux quotas est officiellement plafonnée à 25,8 mbj, mais les observateurs du marché pétrolier estiment qu'elle dépasse ce quota d'environ 1 mbj. Les prix du brut ont dépassé 76 dollars le baril vendredi à New York, non loin de leur record historique de 78,77 dollars, atteint début août. Pour les pays de l'Opep, le manque de capacité de raffinage des pays consommateurs est l'une des raisons de la hausse des cours. De leur côté, les pays riches demandent une augmentation de l'offre en pétrole à l'approche du pic de consommation qu'occasionne l'hiver dans l'hémisphère Nord, considérant que les cours élevés du brut constituent un risque supplémentaire pour une économie mondiale qui essuie déjà les turbulences provoquées par la crise immobilière américaine.