Frenda, du berbère Ifren-dha, viendrait de ifren, participe passé de «cacher», dha adverbe de lieu «là», c'est-à-dire «sont cachés là». Elle est considérée comme une antique forteresse occupée successivement par les Romains, les Arabes et les Turcs ottomans. Antique forteresse, Frenda a connu, à travers les âges, le passage de peuplades berbères descendant des Gétules et des Garamantes, et cela plus de mille ans avant l'arrivée des colons tyriens en Ifriqiya. Le nom de Frenda, cette antique bourgade des hauts plateaux, contemporaine de Rome et de Carthage, évoque sans hésitation les grottes séculaires de Taghazout, les célèbres mausolées des Djeddar, la chapelle de Cen des Donatistes (vestiges de Aïn Sbiba). Frenda doit également sa célébrité à sa progéniture jalousement éduquée qu'elle a réussi à façonner dans des moules conçus de ses propres mains à travers les âges. Sous l'empereur romain Septime Sévère (193-211), les Romains occupèrent la citadelle et en firent un redoutable bastion, les eaux abondantes des sources, les bois fournis d'El Gaâda favorisèrent l'installation de garnisons romaines qui fondèrent l'un des plus grands limes reliant Frenda, Taoughazout et Aïn Derhem constituant de cette manière un important système défensif contre les ennemis autochtones de Oued El Taht. Sous le règne de cet empereur, une grande partie de la population s'était convertie au christianisme d'où l'édification de la chapelle de Sen ou Cen comme le révèle l'archéologue et historien Pierre Salama. Les Toudjinides et les Idlelten occupent la région Les Toudjinides envahirent le tell, les Idlelten arrivèrent sur leurs traces et se fixèrent à El Djabat et Taghzout. A cette époque les Idlelten avaient pour chef Nasr Ben Sultan Ben Ayssa. A sa mort, son fils Menad prit le commandement de la tribu qui revient par la suite à son frère Ali Ben Nasr. Brahim fils de Ali Ben Nasr succéda au pouvoir et eut comme successeur à sa mort son frère Salam. Celui-ci établit la puissance de sa tribu par la construction de Taghzout. Cette forteresse, appelée aussi château des fils de Salama, n'était qu'un simple ermitage occupé par quelques Arabes soueidiens qui avaient renoncé au monde. Les descendants de Salama se représentent comme les membres adoptifs de la tribu des Toudjin et comme appartenant en réalité à la tribu arabe des Beni Sulaym Mansour. Leur ancêtre, Aysa Ben Sultan, s'était réfugié chez les Idlelten pour fuir les conséquences d'un crime qu'il avait commis parmi son peuple. Il fut recueilli par le chef de cette tribu. A sa mort, le chef idlelten éleva ces enfants. Ce fut là une des circonstances qui assura à Salama et à sa postérité le commandement des Idlelten. A la mort de Salama Ben Ali, son fils Yaghmorassen prit le pouvoir. Un havre de paix pour Ibn Khaldoun De 1375 à 1378, Taoughazout offre à Abderrahmane Ibn Khaldoun, pourchassé par ses ennemis, un havre de paix. La forteresse médiévale lui inspire deux ouvrages importants : Kitab El Ibar et Les Prolégomènes (Moqaddima). Né à Tunis en 1332, il est issu d'une famille arabe yéménite établie en Andalousie dès le VIIIe siècle, puis émigrée à Tunis. Il étudia de près les phénomènes de désagrégation politique et sociale du Maghreb et l'Andalousie. Lassé des intrigues politiques, il se réfugia, pendant quatre années, avec sa famille, auprès de la tribu d'Aouled Arif (qalâa de Beni Salama) à Frenda. Là il se consacra à l'écriture de sa monumentale œuvre, la Moqaddima. A travers les ouvrages qui lui sont consacrés, la cité de Frenda (qalâa de Beni Salama ou Taghzout) est évoquée par les auteurs qui s'intéressent à l'érudit Ibn Khaldoun.
La population frendie contre les Turcs Au début du 18e siècle, sous la domination turque, la population frendie ne supporte plus la pression de la perception d'un impôt appelé «raya». Une résistance farouche s'organise, des révoltes individuelles et/ou collectives éclatent Sidi Abdelkader El Frendi, chef militaire et religieux de la secte des Derkaoua à la tête de ses compagnons, s'insurge contre les troupes turques dirigées par le bey de Mascara. Ce personnage avec la ténacité de ses hommes se bat violemment contre les Turcs et les force à battre en retraite. Les soldats ennemis, effrayés par l'austérité du paysage, les aspérités des rochers de la montagne des Djeblias, ont dû se replier dans un grand désordre dans les plaines de Ghriss, situées dans la région de Mascara. Depuis l'époque ottomane existait en Algérie l'aristocratie indigène qui se composait non seulement des khalifas, bachaghas et aghas, noblesse régionale, mais surtout de caïds de tribus qui constituaient une noblesse locale, bien structurée. A travers les tribus qui la composent, Frenda a apporté sa contribution aux forces régulières de l'émir Abdelkader qui, au regard d'historiens, «est plus qu'un chef politico-religieux, il rassemble la chevalerie, la piété et la dynamique du XIXe siècle».