Les incessants va-et-vient au niveau du CHU Nedir Mohamed de Tizi Ouzou ne s'arrêtent même pas au moment du f'tour. De jour comme de nuit, cette structure hospitalière ressemble à une véritable fourmilière, vu le nombre important de malades et de personnes qu'elle accueille chaque jour que Dieu fait. Les malades affluent de toute part. Médecins, infirmiers, ambulanciers, administrateurs... ne connaissent pratiquement aucun répit. Ils sont à l'affût à tout moment. L'abnégation et la détermination se lisaient sur leur visage. Y a-t-il un plan spécial pour ce mois de Ramadhan ? «Aucunement», affirme-t-on, hormis les visites nocturnes aux malades qui sont tolérées le soir de 20h à 20h 30. «Nous sommes toujours au service du citoyen à tout moment. Nous travaillons au même rythme que les autres mois de l'année», nous déclare une jeune infirmière. De tous les services de ce centre hospitalier, les services des urgences sont les plus convoités à longueur de journée. Dotés de moyens matériels et humains adéquats, à la hauteur des attentes des patients, les trois services des urgences, à savoir les urgences médicales, les urgences de pédiatrie et de chirurgie, fonctionnent comme une horloge suisse. La trentaine de personnes qui sont en service, lors de notre visite sur les lieux, en cette soirée ramadhanesque, constitués, entre autres, d'assistants chirurgiens, de résidents, d'infirmiers, d'internes et d'agents de sécurité… chacun est préoccupé par sa tâche avec promptitude.. Ils veillent sur les malades, comme on surveille le lait sur le feu. Pas le temps de souffler Juste à côté, la salle de réanimation est en rénovation ces jours-ci. Dans les couloirs des urgences, un vieux SDF, assis sur un fauteuil roulant, les deux pieds plâtrés, affirme avoir fait une tentative de suicide. Il n'a dû son salut qu'à l'intervention des services de la Protection civile. Entouré par des médecins, pour en savoir plus sur sont identité, la victime apparemment a perdu la raison. «De toutes façons, nous avons fait notre travail en lui prodiguant les soins nécessaires, maintenant c'est au service de sécurité de s'occuper de lui. Il sera pris en charge comme tout le monde», affirme-t-on. A côté, quelques personnes, visiblement inquiètes, attendent avec impatience les nouvelles de leurs proches admis aux urgences. Les médecins de passage les rassurent de temps à autre. A l'intérieur des blocs opératoires des urgences, un enfant de quatre ans vient de subir une intervention chirurgicale pour traumatisme crânien. «Son état est grave», affirme un chirurgien. Nous avons appris que le petit bout d'homme a été évacué de la wilaya de Bouira, vers 19h, à la suite d'un accident de la circulation, dans lequel, malheureusement, il a perdu ces parents sur place. Un autre homme d'un certain âge, évacué de la wilaya de Béjaïa à la suite d'un autre accident de la circulation, attend une intervention chirurgicale au niveau du talent et du tibia. Son cas ne suscite pas d'inquiétude. 24 malades sont passés au bloc opératoire au cours des dernières 24 heures, avons-nous appris, parfois plus. Les accidents de circulation son généralement fatals. La montée en flèche du nombre de victimes de la route est inquiétante à plus d'un titre. Les cas se succèdent et se ressemblent au quotidien. «Il nous arrive de rompre le jeûne des heures après l'adhane. On ne peut pas laisser des souffrants dans un état critique. De toute façon, c'est notre travail et nous sommes habitués à ces situations. Notre seul souci, c'est de sauver des vies humaines», nous a déclaré un médecin urgentiste, visiblement fier de son métier, rencontré sur les lieux. Et d'ajouter : «Si pour ce soir, l'atmosphère est bien détendue, ce n'est pas le cas pour d'autres jours, comme c'était le cas d'ailleurs avant-hier, trois cas d'extrême urgence ont été admis à la fois, dont l'un d'entre eux a été égorgé par sont ami. Malheureusement, on n'a pas pu le sauver. Ces situations délicates nécessitent des efforts supplémentaires.» Un système de rotation des effectifs permet d'assurer une garde de 24h/24.
Le SAMU, un service constamment mobilisé Au SAMU, l'équipe de garde est constituée de deux médecins, deux infirmiers et deux secouristes ambulanciers. Ils sont à l'affût comme des soldats. Ils attendent le moindre signal pour intervenir et à n'importe quel moment. «On effectue des intervention primaires, c'est-à-dire à l'extérieur de la structure et des intervention secondaires à l'intérieur de la structure, et ce, dans tous les services, quand c'est nécessaire» affirme-t-on. 6 à 10 interventions sont effectuées en moyenne toutes les 24 heures. Généralement, ce sont des accidents de circulation, des chutes et aussi des cas de malades chroniques comme les diabétiques. Pour ce mois de Ramadan, les malaises et les cas de déshydratation sont accentués à cause par le jeûne que certaines personnes vulnérables ne peuvent pas supporter. L'ensemble du personnel affirme être satisfait des moyens matériels mis à sa disposition. Une nouvelle ambulance sera acquise dans les prochains jours. En plus des stages de perfectionnement dont l'ensemble de l'effectif bénéficie dans d'autre CHU du pays à l'image de celui de Constantine et Blida. «Au mois d'octobre de l'année dernière, nous avons perdu deux de nos collègues, en revenant d'une mission sur Alger. Ils s'agit du Pr Menad et du Pr Kettab, secouriste de son état, en plus d'un autre infirmier blessé. Tous des pères de famille. Que Dieu les garde dans sont vaste paradis», nous déclare une jeune infirmière. En plus de la wilaya de Tizi Ouzou, cette importante structure sanitaire accueille et couvre les trois autres wilayas de la Kabylie, à savoir Béjaïa, Bouira et Boumerdès, sans compter ceux qui viennent d'autres régions lointaines du pays. Approximativement, le CHU Nedir Mohamed, situé au centre-ville de la capitale de Djurdjura, couvre, à lui seul, pas moins de 10% de la population nationale. Un nombre jugé très important par les spécialistes en la matière. Au fur et à mesure que la nuit avance, le nombre de malades diminue à vue d'œil dans cette immense structure hospitalière. A l'extérieur, certains médecins et infirmiers sortent pour respirer l'air frais de cette nuit calme et bien étoilée. La canicule et l'humidité suffocantes qui ont régné durant tout l'été semblent faire partie des mauvais souvenirs à Tizi Ouzou. Quelques médecins, rassemblées devant l'immense porte du jardin, parlent de tout et de rien, en sirotant qui un café qui un thé ramené de la cafétéria d'en face. Questionnés sur leurs conditions de travail, ils répondront à l'unisson : «La situation s'est nettement améliorée depuis 2003. La nomination du Pr Mansouri à la tête de cette structure a porté un nouveau souffle et un vent d'espoir a soufflé. Les choses s'améliorent de plus en plus et ce contrairement aux années 1990, années durant lesquelles nous avons vécu les pires moments», nous répond un médecin d'un certain âge. Son avis est amplement partagé par les autres. «Veuillez le signaler dans votre article», nous demande-t-il. Les plus âgés d'entre eux nous parlaient des débuts des années 1980 au moment où cette structure a été érigée en un CHU. «Nous saluons vivement le Pr Kebbouche et le SG Hakoui qui étaient les premiers responsables à l'époque. Ils ont relevé le défi en dépit des moyens dérisoires» dont ils disposaient. Les heures s'égrènent, l'hôpital commence à retenir son souffle. Demain, c'est un autre jour.