Le débat autour de la situation de la PME nationale se poursuit. A l'approche de la tripartite, cette question se pose avec acuité. Outre les mesures jugées «contraignantes» contenues dans la loi de finances complémentaire 2009, la PME algérienne continue de subir les conséquences des décisions inadéquates, qui mettent en péril l'existence d'un important tissu industriel. Ainsi, après l'instauration du crédit documentaire dans toutes les transactions de commerce extérieur, mesure fortement contestée, les chefs d'entreprise ont été surpris par une nouvelle décision selon laquelle ils seront contraints de payer les allocations familiales, une charge assurée habituellement par les pouvoirs publics. La question n'est toujours pas tranchée mais elle sera soumise à la tripartite en vue de discuter de sa faisabilité. Ces conditions sont imposées aux opérateurs économiques au moment où les pouvoirs publics ne prennent aucune initiative dans le sens de l'amélioration de l'environnement de l'entreprise nationale. L'autre élément qui vient s'ajouter à l'environnement actuel est celui de la reconduction de l'opération d'assainissement des dettes des entreprises publiques. Cette décision, quand bien même importante, ne concerne que le secteur public. La PME du secteur privé continue, ainsi, de faire face à de nombreuses difficultés. Discrimination entre secteurs public et privé En plus de l'application des décisions prises de façon unilatérale en l'absence de toute concertation, la PME appartenant au secteur privé sera contraint de subir les effets de la ségrégation. Ceci arrive au moment où beaucoup de promesses ont été tenues en vue de sauvegarder cette PME et d'en créer d'autres dans l'objectif de multiplier les chances de création d'emploi dans divers secteurs. La Cipa estime qu'avant de décider de la valorisation du SNMG et l'attribution des allocations familiales aux chefs d'entreprise, il sera important de se pencher sur la question de l'environnement de l'entreprise. «Celle-ci croule sous diverses contraintes, liées au financement, à la bureaucratie, au foncier, à la fiscalité, au préjudice déjà énorme causé par la dévaluation du dinar et des affres de la décennie noire», a souligné Abdelaziz Mehenni, président de la Cipa. Cette situation, estime le patron de la Cipa, est vécue par les entreprises du secteur public et privé «mais la mise à niveau à été décidée au profit de certaines en déniant à d'autres leur droit à une oxygénation de la trésorerie publique», a-t-il encore ajouté. Le président de la Cipa s'indigne contre la situation actuelle de la PME algérienne qui a fait beaucoup de sacrifices et se trouve, au bout du compte, sinistrée et dans une situation comateuse. Les appels pour sauver ces entités importantes sont restés lettre morte. «A ce jour, la PME privée n'a bénéficié d'aucun geste réparateur des pouvoirs publics comme cela a été le cas pour l'agriculture et les entreprises du secteur public», a-t-il souligné. L'effacement de la dette a permis de relancer l'agriculture et de réaliser des résultats excellents, notamment dans la viande, les céréales et le lait. Le président de la Cipa revient sur la décision de soutenir le secteur public, pour lequel entre 40 et 50 milliards de dinars ont été injectés pour relancer les entreprises de ce secteur et même le rachat de leurs dettes. «Ce sont des décisions qui prouvent l'existence d'une ségrégation entre le secteur public et privé. Ce sont deux secteurs qui ne jouissent pas de la même intention», a-t-il précisé. En soulignant que les patrons ne sont pas contre une hausse du SNMG, telle qu'elle a été annoncée par le président de la République, le président de la Cipa dira que les PME seront confrontées à cette importante augmentation sans une révision des conditions dans lesquelles elle active, d'où le risque de ne pas pouvoir tenir les engagements. Un plan Bouteflika pour sauver la PME L'autre problème qui va se poser concerne la révision à la hausse du coût de commercialisation des produits. «Compte tenu de la faiblesse de la production qualitativement et quantitativement, les entreprises réviseront la valeur des prix de vente pour pouvoir sauvegarder l'outil de production», a-t-il souligné. Pour sortir de cette situation de crise, l'organisation patronale préconise la mise en place d'un «plan Bouteflika» pour la sauvegarde de la PME du secteur industriel. «Le capital industriel dormant de ces entreprises est très important. Sa relance ne nécessite pas beaucoup de moyens ou des sommes colossales, il suffit juste d'une bonne volonté et l'application des recommandations des assises sur la PME et la stratégie industrielle. Ce qui reste de ces PME peut faire le bonheur de l'Algérie», a-t-il suggéré.