La Commission européenne contre le racisme et l'intolérance (Ecri), un organe du Conseil de l'Europe, s'inquiète de la montée du racisme dans le discours politique en Suisse et dénonce le rôle joué par l'UDC, un parti populiste arrivé en tête des élections législatives de 2007. «Le ton» de l'Union démocratique du centre, qui avait alors obtenu 29% des suffrages, «a pris ces dernières années une tournure raciste et xénophobe», souligne ce comité d'experts des 47 pays membres de l'organisation, dans un rapport publié mardi. «Les attaques répétées des membres de l'UDC contre les droits fondamentaux des étrangers et contre l'interdiction du racisme et de la xénophobie ont conduit à un profond malaise dans la société suisse», ajoute l'Ecri. Membre de la coalition gouvernementale, l'UDC s'en est retirée deux mois plus tard après que son chef Christoph Blocher eut été évincé de son poste de ministre de la Justice. S'il souligne les efforts entrepris tant au niveau fédéral que par certaines collectivités locales pour intégrer les étrangers — 21% de la population —, le rapport montre que les discriminations à leur égard sont persistantes, jusque dans l'interprétation de la loi. Ainsi des tribunaux ont-ils pu relaxer des exploitants de restaurant ou de discothèque poursuivis pour avoir refusé l'entrée de leur établissement à des «ex-Yougoslaves» ou à des «ressortissants des Balkans» au motif qu'il ne s'agissait pas de groupes ethniques à proprement parler.