Les œuvres de l'artiste peintre Mohamed Labidi sont un mélange de souvenirs immortalisés par le réel qu'impose la peinture. Les thèmes qu'il aborde sont variés selon l'inspiration du moment, mais aussi de ses souvenirs d'enfance qui surgissent et s'imposent à lui. Casbah d'Alger, Guemar avec ses palmeraies et son souffle oriental, mais il est aussi épris des vestiges et monuments qui sont le patrimoine national : Alger 1800, mosquée Salah Bey, Djamaâ Ketchaoua, Djamaâ Safir, mausolée Sidi Abderrahmane, Villa Abdeltif (villa des artistes), église de Notre-Dame d'Afrique… Mais on découvre également dans ses tableaux du bleu, un triangle formé par une vague, le vent qui caresse le blé en herbe... L'abstrait pour s'éloigner de la réalité scientifique Mohamed Labidi est ému par l'abstraction et s'en sert comme composante essentielle dans son travail. Il veut de temps à autre s'éloigner de la réalité scientifique, de l'image brute, du naturalisme pour mettre à ses œuvres un accent poétique. C'est en ayant en tête l'œuvre finie avant même de l'avoir commencée qu'il cherche ce qu'il appelle une zone de silence où les choses tiennent toutes seules, cet arrêt du regard qui lui permet à nouveau de pouvoir se promener. C'est la construction du tableau qui l'intéresse et le moment où elle s'arrête. Pour lui, tantôt «coller au modèle» et tantôt «laisser faire». Pourquoi là et pas ailleurs, quand les choses sont là et quand elles disparaissent. Laisser le tableau en dehors de soi, finalement, c'est quand ça n'a pas d'importance que ça marche le mieux. Tout doit avoir une raison «sans raisons». Il scrute parfois des instants de la vie de gens ordinaires, Habitants de la Casbah, Vie flottante de gens humbles et démunis. C'est cette instabilité et cette fragilité des hommes face aux changements qu'on retrouve chez cet artiste. Ce regard est aussi façonné grâce à ses études en design et en architecture d'intérieur, alors il explore un monde infini de couleurs et de formes. Il approfondit son exploration des rues de la Casbah avec ses escaliers tortueux et ses maisons en grappes de raisins. Bien que son inspiration demeure dans le contraste d'éléments, tels que lumière et ombre, ses compositions sont devenues plus audacieuses et sa vision plus détaillée. Casbah, ville provocante, en rébellion contre toutes les attentes En fouillant plus loin dans le cœur de la ville, il ne découvre pas simplement ce qu'est la Casbah, mais ce que la Casbah veut être. Labidi révèle une ville classée patrimoine international. Ville provocante, en rébellion contre toutes les attentes, et pourtant toujours harmonieuse, mais qui se dégrade chaque jour davantage. C'est aussi une expression personnelle d'amour tel qu'il existe entre un artiste et sa ville. Pour lui, le dessin n'est pas simple ébauche, il est tour à tour exquise esquisse, œuvre à part entière, et même sillage d'une huile sur toile. L'émotion est intacte, elle se propage, subtile variation d'une inspiration multiple, se diffuse, telles les effluves d'un parfum envoûtant de la Casbah d'antan où vibre sous l'impact généreux du fusain, des envolées chromatiques. Ses thèmes de prédilection : les scènes de vie, les visages, le désert et le patrimoine national A travers ses tableaux on retrouve la trace du geste ample et spontané, le trait fuse, le rythme est donné. Lignes droites, arcs savants, la face cachée des visages abstraits s'incarne sous les bâtons de couleurs. La main se fait caressante, place aux arabesques, aux courbes sensuelles. Les créatures de Mohamed Labidi défilent au gré de ses fantasmes artistiques, muses de son talent de coloriste qu'il sait aussi exprimer en encres et pastels. Après trente années de carrière, le peintre reste fidèle à ses thèmes de prédilection : les scènes de vie, les visages, le désert et le patrimoine national. Ce qui frappe dans l'œuvre de cette artiste, c'est l'unité liée au thème unique de sa peinture qui part du dessin, prend un sens particulier du fait des matières-couleurs qui l'habitent. Le trait avance en cherchant la forme, comme s'il façonnait dans l'épaisseur, comme un sculpteur travaille la glaise. Il affirme avoir besoin de retrouver son propre ressenti face au lieu, afin de mieux traduire et matérialiser ses émotions dans la peinture. Revient alors ce qui reste des choses, l'essentiel à ses yeux, les formes qui apparaissent avec le temps, la lumière... Chez ce peintre, le dédale est le plus sûr moyen d'aller d'un point à l'autre. L'image se décline en majesté pour mieux s'effacer, renaître, se perpétuer, se dissiper dans l'abîme du temps. Chacun de ses tableaux suggère ce qu'il n'est peut-être pas et semble représenter ce qui échappe quand on croit le reconnaître. Son paysage, réel ou idéal, est-il peuplé d'êtres fugitifs et volatils ou peuplons-nous de nos propres démons et de nos fées ce qui est en réalité le fleuve du temps, la lente croissance d'un nid de verdure, la rencontre de couleurs drapées de souvenirs… de regrets.