Joan Laporta, le président du FC Barcelone, qui vole de victoire en victoire, est sous les feux des critiques depuis une scabreuse affaire d'espionnage qu'il aurait commanditée pour discréditer ses concurrents à la tête du club catalan. La direction du Barça a été accusée cette semaine d'avoir engagé des détectives privés pour enquêter sur quatre de ses cinq vice-présidents, candidats potentiels à la succession de M. Laporta à la présidence en 2010. Le club a démenti, affirmant qu'il s'agissait d'enquêtes liées à la sécurité de ses dirigeants et M. Laporta s'est défendu samedi soir en accusant «certaines personnes» de vouloir «déstabiliser le club», à l'approche des élections. «Ils nous envient et moi tout spécialement, car j'ai une façon de penser et de m'exprimer qui n'est pas acceptée par des personnes intolérantes», a précisé à la presse M. Laporta, connu en Catalogne pour ses positions indépendantistes. Les médias catalans, à l'image du quotidien La Vanguardia, estimaient dimanche que M. Laporta avait voulu noyer le poisson pour faire oublier l'embarrassante affaire «d'espionnage», qui n'est pas terminée, en évoquant un hypothétique «ennemi extérieur». M. Laporta, 47 ans, avocat d'affaires reconnu, a été élu en 2003 à la tête du Barça et ne peut se représenter en 2010. Dirigeant controversé, il a sauvé sa tête de justesse en 2008, avant de mener le club à un triplé historique – Coupe, Liga, Ligue des champions – en 2009. Sa succession aiguise les appétits et son ambition politique intrigue, selon le quotidien El Pais, qui se demande dimanche si M. Laporta veut se positionner en «leader pour l'indépendance» de la Catalogne. M. Laporta a participé ces dernières semaines à des manifestations en faveur de l'autonomie de la Catalogne et a multiplié les déclarations en ce sens, critiquant le pouvoir central madrilène.