Après une certaine léthargie qui a caractérisé la vie politique dans la wilaya de Tizi Ouzou, voilà que l'activité a repris hier à l'occasion de 46e anniversaire de la création du Front des forces socialistes (FFS), le 29 septembre 1963. A cette occasion, qui se veut aussi une véritable halte dans l'histoire du premier parti d'opposition, le premier secrétaire national du parti d'Aït Ahmed, Karim Tabbou, a animé hier une conférence à la grande salle de la maison de la culture Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou. C'est un ancien militant du FFS, Lakhdar Bougaâ, ancien commandant de l'ALN dans la Wilaya IV, qui a pris la parole en premier. Devant une assistance nombreuse, constituée essentiellement d'anciens de 1963, comme on les appelle, de jeunes et de moins jeunes, notamment des militants venus même d'autres wilayas limitrophes, Bougaâ est revenu longuement sur les circonstances de la création du parti et son parcours. Ensuite, c'est à Karim Tabbou de prendre la parole. Ce dernier, dans un verbe qui lui est connu, surtout empreint d'ironie et de virulence, s'en prendra aux pouvoirs publics et à tous les gouvernements qui se sont succédé à la tête du pays. Il dira en substance que la situation actuelle n'est autre que l'aboutissement logique des différentes politiques menées jusque-là. Pour le conférencier, la situation demeure délétère et n'augure rien de bon. Les maux qui gangrènent la société, entre autres, le chômage, le phénomène de la harga et tant d'autres points encore, ont été passés en revue par Tabbou. «L'existence de plus 3000 restaurants de la rahma, notamment durant le Ramadhan», est pour le conférencier un signe révélateur de la misère qui touche de plein fouet de larges couches de la société algérienne. En matière de politique internationale, volet abordé par le conférencier, il dira que «l'UMA ne sera jamais concrétisée à cause de la nature même des régimes politiques et des pouvoirs en place qui sont aux antipodes de la pratique démocratique». Le FFS étant un parti qui a traversé d'innombrables crises tout au long de son histoire, qu'elles soient internes ou orchestrées, a fait dire à Tabbou que «c'est un miracle que le FFS existe encore aujourd'hui». Par ailleurs, Tabbou n'a pas manqué de répondre à ce qu'il qualifie d'assertions qui tendent à réduire son parti au rang d'une formation régionale. A ce sujet, il insistera sur le fait que le FFS est bel est bien un parti implanté au niveau national, donc de dimension nationale, comme il ajoutera que son parti n'est pas mouillé dans de quelconques rapprochements avec le pouvoir en place tout en restant dans l'opposition. La loi de finances complémentaire n'a pas été en reste. Au sujet de ces lois justement, il précisera qu'il n'est pas normal à ce qu'il y ait à chaque fois deux lois de finances, ce qui dénote, selon lui, le manque de vision globale dans la gestion. A la fin de la conférence, l'assistance s'est dirigée en une procession jusqu'au cimetière des martyrs de M'douha où une gerbe de fleurs a été déposée sur la stèle érigée à la mémoire des martyrs de 1963-65 dont le nombre dépasse les 400. La marche s'est déroulée dans des conditions normales et aucune présence des services de sécurité n'est à signaler.