Comme chaque année, l'université d'Alger organise, au profit des docteurs en médecine, le concours d'accès au rang supérieur, autrement dit le résidanat. Les étudiants des universités d'Alger, de Tizi Ouzou et de l'école militaire de la santé, seront au rendez-vous à partir de ce matin et demain aux trois centres d'examen choisis à cet effet. Ainsi, la faculté centrale d'Alger, la faculté de médecine d'Alger, ex-la Perrine, et l'école militaire d'Aïn Naâdja sont réquisitionnées. Durant notre tournée à travers les centres d'examen, nous avons constaté que tous les moyens sont mis à la disposition des futurs spécialistes, de l'avis de l'un des responsables de ce centre, un premier constat est déjà fait : «Nous avons travaillé dur pour rendre cette période agréable aux concurrents, il est très important d'accueillir nos médecins dans de bonnes conditions, il s'agit d'un concours capital, et représente une clé pour leur avenir», a déclaré l'un des administrateurs du centre. Du côté du corps enseignant, la satisfaction se lit déjà sur les visages, «celui qui a bien préparé son examen, il l'aura, et les autres n'ont qu'à s'en prendre à eux-mêmes». Un professeur en médecine, qui a requis l'anonymat pour des raisons évidentes, a indiqué : «Je suis membre du jury, donc pour éviter des sollicitations ou même d'éventuelles pressions de part et d'autre, je préfère ne pas donner mon nom, une autre fois je le ferai», nous a-t-il expliqué en sourire. A propos des sujets, l'enseignant a fait savoir que «se sont des sujets qui seront à la portée de tous ceux qui se sont bien préparé, et puis il s'agit de spécialités, et en face de nous nous aurons des médecins, ajouter à cela le fait que ce concours c'est pour devenir médecin spécialiste, donc je pense qu'il faut que le concurrent paye le prix en travaillant». Concernant l'introduction de l'école de la santé militaire qui, selon certains étudiants rencontrés sur place, négocie à l'avance son quota, le professeur réplique : «C'est faux et c'est archifaux, on ne négocie pas la santé des gens, se sont de purs mensonge et des rumeurs qui ne font que déstabiliser les étudiants et affaiblir leurs capacités mentales, c'est démoralisant». Tout le contraire a été dit par les candidats au concours, l'une de ces révélations a été faite par Djamila : «Pour moi, c'est évident, les jeux sont faits, mais je passe quand même l'examen histoire d'éviter des remords», étonnante révélation d'un médecin ! Nous avons cherché à connaître les raisons de cette attitude, Mourad revient à la charge : «L'université d'Alger a préparé ses étudiants durant toute une année, ils avaient les lundis et les jeudis pour s'exercer et travailler les QCM, idem pour ceux l'école de la santé militaire qui ont déjà leur quota, alors que nous à Tizi Ouzou nous sommes livrés à nous-mêmes». Vente de sujets d'examen : vrai ou faux ? «C'est un phénomène qui gangrène l'université algérienne depuis maintenant quelques années, mais de là à toucher le secteur de l'enseignement médicale, je pense que c'est exagéré», a tonné le professeur en médecine. Concernant «le quota», l'école de la santé militaire, laquelle est fustigée et critiquée par les concurrents, le professeur nous a expliquer que «d'abord, il faut savoir que pour avoir accès à ladite école pour des études en médecine, il faut décrocher son bac avec une moyenne de 13/20 et plus. Donc on peut bien imaginer la qualité des médecins qu'elle forme. Comment voulez-vous qu'elle demande un quota, ils arrachent tous ou presque leur concours, il faut reconnaître qu'ils sont de très bon médecins», a encore ajouté l'enseignant. La question est claire pour les médecins concurrents, «ils ont leur quota et les autres achètent les sujets ?!» Nous nous sommes rapprochés de certains étudiants qui ont effectué leur cycle à la Perrine et les réponses sont variées : «On entend parler de ce genre de pratique, des gens vendent et d'autres achètent, je n'ai aucune preuve matérielle mais vous savez, il n'y a pas de fumée sans feu», a avancé Khaled. Et a Narimane de continuer : «Oui, je connais des étudiants qui ont passé leur année dans les voyages et les sorties et en fin de compte ils ont eu l'examen, la seule explication valable pour moi c'est qu'ils ont acheté le sujet, sinon je vous repose la question : comment est-ce possible de réussir un examen pareil sans travailler hargneusement ?» Difficile de juger, nul ne possède des preuves matérielles sur ce trafic, si trafic il y a bien sûr. L'examen commence aujourd'hui et notre seul souhait c'est la réussite de ceux qui l'auront mérité, car les retombées seront bénéfiques pour le patient.