Le choix porté sur Obama comme prochain «prix Nobel de la Paix», personne au monde ne peut le contester. Bien au contraire, c'est là une nouvelle qui réjouit les partisans de la paix qui espèrent qu'une si prestigieuse distinction donnera une impulsion au rêve d'un monde sans armes nucléaires. Pour ses «efforts à renforcer la diplomatie et la coopération entre les peuples et sa vision d'un monde sans armes nucléaires», Obama mérite ce prix, plus que n'importe quelle autre personnalité candidate à cette haute distinction. Le second message de ce prix, il faut le décoder également comme une gifle aux partisans de la guerre, à leur tête George Bush et son père. Donc, le choix fait par le comité Nobel, présidé par le Norvégien Thorbjoern Jagland, tout le monde ne peut que s'en féliciter. Ou presque, car les adversaires de la paix, il en reste encore quelques-uns, pas très nombreux certes, qui se seraient passés volontiers d'adresser leurs félicitations à un homme qu'ils n'ont jamais souhaité voir à la Maison-Blanche. Protocole oblige, Netanyahou l'a fait très certainement à contrecœur. Parce qu'aux yeux de l'Occident il n'avait pas d'autre choix. Comment, d'ailleurs, le Premier ministre israélien et le lobby juif aux Etats-Unis, les plus farouches adversaires de la création d'un Etat palestinien, peuvent-ils voir dans la décision d'Oslo autre chose qu'un mauvais présage pour l'idéal sioniste d'un «Etat juif dans les frontières bibliques» ? Une caution ? Le gouvernement israélien et ses parrains aux Etats-Unis ne pouvaient, légitimement, pas se réjouir pour Barack Obama. Ils ne l'ont pas été pour Ishak Rabin, Premier ministre de l'Etat hébreu, assassiné par les amis de Netanyahou et Avigdor Lieberman, pour avoir partagé ce même prix, en 1994, avec feu Yasser Arafat. En fait pour avoir été le seul dans l'histoire de l'Etat hébreu à accepter le principe de la création d'un Etat palestinien. Le Prix Nobel, que le président américain recevra le 10 décembre dans la capitale norvégienne, ne manquera, très certainement pas, d´inciter Barack Obama à mieux résister aux obstacles qu'il rencontrera sur son chemin. Des obstacles qui se traduisent, comme dans le cas d´Israël, par un entêtement à ne pas s'engager dans le processus de paix piloté par Washington. Mieux, par le refus de Netanyahou de geler, comme l'exige la communauté internationale, les colonies en Cisjordanie, pour permettre la relance des négociations avec les Palestiniens. Le futur Prix Nobel de la paix n'aura pas la mission facile pour faire avancer la paix dans le monde. Les efforts du premier président noir des Etats-Unis, en seulement sept mois depuis qu'il est à la Maison-Blanche, sont considérables, mais ils n'ont pas encore, évidemment, ouvert grande la voie de la paix, ni au Proche-Orient, ni en Irak, ni en Afghanistan, ni même abouti à calmer les tentations nucléaires de la Corée du Nord et de l'Iran. Certes, à la différence de l'ex-président Bush qui, à coup sûr, serait déjà bien avancé dans son programme de guerre contre l'Iran, son successeur a eu le mérite de privilégier la voie diplomatique avec Téhéran qui a fait un grand geste en permettant l'inspection de ses installations nucléaires, y compris la plus secrète, par l'AIEA. En homme intelligent, Barack Obama n'a pas accordé de crédits à l'alarmisme de Nicolas Sarkozy, en ami fidèle de Bush, invitant, ouvertement, depuis la Tribune des Nations unies, à une action militaire contre «le régime iranien pour vouloir rayer Israël de la carte». Rien des massacres israéliens à Ghaza. Pas un mot de l'Etat palestinien. Par son attitude franchement favorable à Israël, le chef de l'Etat français a offert les meilleurs arguments à Israël pour faire du dossier nucléaire iranien la «priorité des priorités» de la diplomatie internationale. Le processus de paix israélo-palestinien plus personne n'en parle. Une vision juste Oslo est peut-être cette forte charge symbolique dont Obama pour parler d'un monde sans armes nucléaires et même d'un monde sans guerre. C'est dans la capitale norvégienne que le projet d'un Etat palestinien a commencé à prendre forme. C'est là-bas aussi que la question du désarmement avait été posée par les pays non alignés, avec à leur tête l'Algérie dont le chef de la diplomatie était alors Abdelaziz Bouteflika. Cependant, il ne faut pas trop rêver. La volonté politique de Obama ne suffira pas, seule, à faire avancer la cause de la paix dans le monde. Trop d'enjeux géostratégiques pourrait contrarier le projet planétaire du chef de la première puissance économique et militaire au monde. Au centre de tous ces enjeux, la cause palestinienne. Sur ce point, un homme politique européen, de paix pour avoir ordonné le retrait des troupes de son pays d'Irak au point de se brouiller durablement avec l'ex-président Bush, l'Espagnol José Luis Zapatero, développe une vision juste sur les priorités de la paix dans le monde : partir d'une solution durable de paix au Proche-Orient d'abord pour que cesse la guerre d'Afghanistan, et que l'on ne parlera plus d'Iran ou d'Irak. Oui, un monde sans armes nucléaires est possible. Avec Obama, l'ennemi de la bombe atomique, Zapatero, le plus farouche adversaire des centrales nucléaires en Europe, et les partisans du «No War», plus nombreux et plus agissants que jamais depuis l'invasion de l'Irak. Pas avec Bush, ni Netanyahou, ni ceux qui rêvent de répéter l'aventure irakienne en Iran. Ceux-là, ils ont déjà en stock pas mal d'engins nucléaires. De quoi raser la planète.