Toutes proportions gardées, deux faits (divers ?) se partagent l'actualité internationale depuis plus d'une semaine. Il s'agit de l'arrestation du cinéaste américano-polonais roman Polanski en Suisse pour une histoire de mœurs vieille de plus de trente ans et du «scandale» provoqué par les révélations dans un livre de Frédéric Mitterrand, ministre français de la culture, sur ses voyages sexuels en Asie. C'est un lieu commun, mais il faut quand même le rappeler, en ce sens qu'il constitue l'essentiel de l'argumentation des réactions à charge ou à décharge pour les deux hommes : les faits comme leur prolongement auraient pu passer inaperçus s'ils n'avaient pas concerné deux célébrités. «C'est ça la vie» et y compris chez ceux qui ont manifesté le plus d'enthousiasme à se positionner dans ces «affaires», l'embarras était nettement visible. Il y a toujours quelque gêne à crier avec les loups accablant un cinéaste de génie, tout comme il n'est pas aisé de défendre un justiciable censé être comme les autres qui plus est accusé de viol sur une mineure de treize ans. Il n'est pas non plus évident de prendre, sans de possibles dommages collatéraux, la défense d'un ministre de la culture dont la nomination déjà a soulevé quelque polémique en raison de son appartenance politique manifeste au camp d'en face, qui met noir sur blanc sa différence et va beaucoup plus loin en racontant ses conquêtes pas très nettes de touriste sexuel. L'embarras est d'autant plus visible au sein de sa famille politique d'origine qui se défend toujours de se mêler de la vie privée des autres, sans renoncer pour autant à la tentation de se saisir de l'aubaine pour descendre un énième et inattendu ralliement à l'adversaire. Dans les deux affaires pourtant, la manipulation politique n'est pas tout à fait exclue. Roman Polanski traîne un mandat d'arrêt datant de plus de vingt ans. Entre temps, il s'est rendu en suisse à plusieurs reprises sans être inquiété. Du coup, on a songé au forcing d'Obama contre le secret bancaire helvétique dont l'extradition de Polanski pourrait être une monnaie d'échange. Et quand on sait que les juges américains sont élus, il se dit qu'un magistrat a toujours intérêt à accrocher une célébrité à son tableau de chasse. C'est un peu tiré par les cheveux mais, bon… Frédéric Mitterrand a publié son livre depuis longtemps sans que quelqu'un ne s'en émeuve outre mesure. Il a fallu qu'il devienne ministre pour que ses révélations fassent scandale. A la justice pour tous, la morale et la notoriété s'ajoute maintenant la politique. Un imbroglio auquel le dénouement ne mettra sûrement pas de point final. La vie étant peut-être bien ainsi faite. Cet e-mail est protégé contre les robots collecteurs de mails, votre navigateur doit accepter le Javascript pour le voir