L'usage du téléphone portable dans les établissements scolaires est devenu très courant, malgré son interdiction dans ces lieux. Le règlement intérieur en effet ne dissuade pas les élèves pour autant «d'exhiber cet engin de frime». Dans certains pays développés, le portable a été récemment interdit par la loi dans les écoles primaires et les collèges. Et ce, par mesure de précaution pour la santé des enfants. En effet, il y à peine quelques jours (mercredi) en France, le Sénat a interdit l'usage des téléphones portables dans les écoles, mais aussi dans les collèges, dans le cadre d'un projet de loi de l'environnement. Un projet organisé en mai par les ministères de la Santé et de l'Environnement qui a vu le jour en mai et qui vient d'être concrétisé. Qu'en est-il dans nos écoles, où l'on voit de plus en plus de parents, peu soucieux des répercussions engendrées par l'utilisation fréquente du cellulaire, offrir un portable à leur enfant ? Il est vrai que les effets du téléphone portable sur la santé ne sont pas précisément connus, les résultats d'une étude épidémiologique lancée en 1999 par l'Union européenne et portant sur 13 pays tardent à se faire connaître. Attendus depuis deux ans, leur publication a de nouveau été reportée le mois dernier. Jusqu'à présent, les 50 chercheurs mobilisés n'ont pas été capables de se mettre d'accord. Outre-Atlantique en revanche, un collectif de 40 chercheurs issus de 14 pays ont eu pour conclusion que le téléphone portable peut augmenter le risque du cancer du cerveau, surtout chez les enfants, arguant que les rayonnements électromagnétiques pénètrent plus facilement dans leur cerveau. C'est ce que nous a expliqué S. Nouria, spécialiste en pédiatrie à Chéraga, qui préconise le principe de prudence et l'utilisation du portable qu'en cas de nécessité absolue chez l'enfant car les dernières études ont montré une possible corrélation entre le cancer du cerveau et les ondes électromagnétiques émises par le portable. «Malgré le manque de recueils sur les pathologies engendrées par les ondes électromagnétiques, vu qu'il s'agit d'une technologie assez récente, de nombreuses conséquences physiologiques et biologiques sont toutefois déjà démontrées», explique notre pédiatre, précisant que des études soulignent une baisse de la mélatonine, hormone du sommeil qui a aussi des propriétés «oncostatiques» - qui protègent du cancer - sans parler des effets sur le stress oxydatif. «Il faut encourager le kit mains libres ou l'oreillette», ajoute-t-elle, développant que ces équipements limitent l'exposition du cerveau aux ondes. «Reste à savoir si les parents et les enseignants sont conscients du danger ou s'il sont au courant de ces faits.» Les enseignants, il est clair, sont pour cette idée d'interdire le portable dans les établissements scolaires en général, et non pas seulement dans les collèges et les écoles primaires. C'est le cas de Mme Farida L., enseignante de français dans une école primaire à Draria, qui précise que le portable devrait être un moyen de communication pour adulte. «Hormis le fait que le portable représente un danger pour la santé de nos enfants, il est un outil de perturbation qui dérange et l'élève et l'enseignant», souligne-t-elle, ajoutant que l'Algérie devrait prendre en exemple les autres pays européens, comme la France qui a créé cette loi d'interdire les portables dans les établissements scolaires. Il est vrai que le nombre d'enfants utilisant le potable est moins important qu'en Algérie que dans les pays développés, estimant que 73% des enfants âgés entre 12 et 17 ans ont un portable. Mais faut-il attendre un taux aussi élevé pour qu'une loi entre en vigueur ? Le règlement intérieur dans les écoles suffira-t-il pour dissuader les parents de céder aux caprices de leur progéniture ? Certaines associations de parents d'élèves estiment que le règlement intérieur qui interdit l'utilisation des portables dans les écoles pourrait remplacer la loi. C'est le cas de M. Taliouine, président de l'association des parents d'élèves du lycée Okba, qui estime que cette réglementation a pu réduire l'utilisation du cellulaire dans les établissements scolaires. D'autant qu'il s'agit d'une instruction ministérielle communiquée récemment aux écoles, selon la même source. «Si l'on a pu arriver à ce résultat dans les lycées où les élèves sont plus difficiles à gérer, l'on pourrait le faire dans les CEM et dans les écoles primaires», a-t-il estimé, ajoutant que les sanctions infligées aux lycéens, notamment les convocations et les retraits de portables, sont très efficaces. De plus, nombreux sont les parents qui trouvent indispensable et très pratique le fait que leur enfant ait un portable. Etant en contact permanent avec leur enfant, ils se sentent en confiance, selon notre interlocuteur. Un parent d'élève du même lycée qui a un autre enfant au CEM ne partage pas toutefois cette idée. Il estime que le portable n'est pas un outil pour enfant ou pour adolescent, estimant que c'est un outil de distraction qui le «détourne». L'on pourrait écrire des pavées si l'on prend compte de tous les avis qui divergent à ce propos. Excellente idée ou non, toujours est-il que le portable reste un objet de vantardise pour l'enfant qui pourrait l'exposer à des dangers de santé.