Quand la poésie et la calligraphie s'unissent et font une farandole, quand les symboles s'entrechoquent, quand les messages de paix et d'amour éclatent au grand jour, le poète et sa muse musardent selon son imaginaire, et l'artiste batifole au gré de son pinceau afin de créer une passerelle selon un langage pictural reflétant la puissance du mot. C'est ce qui ressort de l'exposition de calligraphie de Rachid Koreichi à l'occasion de l'hommage initié en l'honneur de feu Mahmoud Darwich, le chantre de la poésie palestinienne engagée. Cette manifestation intitulée «Une nation en exil» a été organisée par l'Agence algérienne pour le rayonnement culturel, chapeautée par M. Orif, en collaboration avec les éditions Barzakh. Diverses activités dont un colloque sur la vie et l'œuvre de Darwich ainsi qu'une lecture poétique ont eu lieu en ce début du mois d'octobre. Cette exposition de magnifiques œuvres en grands et petits formats est le résultat d'une collaboration entre Mahmoud Darwich et l'artiste lors de leur rencontre à Tunis, il y a quelques années. Leur amitié indéfectible et leurs points de vue convergents les ont conduits à ce projet de retracer les odes de cet aède par des compositions plastiques. Le poète a exprimé sa souffrance et sa sensibilité par des mots intenses que Koreichi a traduits par des calligraphies. Chaque calligraphie est accompagnée d'un poème correspondant de Mahmoud Darwich. Koreichi a reproduit ce qu'il a ressenti lors de la lecture de chaque ode. Ces tableaux ont été exposés dans diverses capitales arabes, dont Amman, Tunis et Le Caire. Faisant référence à leurs sentiments profonds, l'artiste et le poète se fondent dans la même vision des choses et de la vie. Il y a une communion d'esprit qui leur permet de vibrer à l'unisson par leurs arts respectifs. «La vie, c'est l'art», disait Koreichi. Pour l'artiste, seule la beauté permet de transcender la bassesse, et la laideur de notre monde. Aussi, il faut enjoliver notre quotidien par l'art. C'est ce que fait l'artiste qui, par son langage esthétique, tente de conjurer et d'oublier notre triste sort. Les innombrables œuvres qui se trouvent sur les cimaises du Mama sont visibles jusqu'à la fin de ce mois.