L'uniformisation du tablier scolaire a soulevé l'ire et des parents et des syndicats autonomes qui considèrent que «même si cette mesure est d'ordre disciplinaire», la réforme de l'école réside bien ailleurs», pointant du doigt la fuite en avant de la tutelle. Cette mesure prise «hâtivement», en plus des délais fixés pour son application, de la non-disponibilité de «l'uniforme» et de son prix qui a atteint les 800 dinars, ont soulevé du coup moult interrogations. Cela a amené le ministère à assouplir tout d'abord les mesures, en tenant à préciser qu'il n'est pas exigé de porter des blouses aux couleurs spécifiques, comme l'a expliqué Benbouzid, qui a déclaré que «peu importe que les couleurs de ces tabliers soient foncées ou claires», avant d'accorder un délai supplémentaire d'un mois qui a pris fin hier pour le port obligatoire du tablier dans tous les établissements scolaires. Qu'en est-il après l'expiration du délai ? Les élèves ne se conformant pas à ces mesures seront-ils renvoyés, comme ce fut le cas, l'anarchie et l'incompréhension aidant, au lendemain de la rentrée ? C'est ce que nous avons tenté de vérifier auprès des syndicats de l'éducation et des parents d'élèves. Destinataires d'une note ministérielle leur enjoignant d'appliquer rigoureusement dès hier les consignes quant au respect des couleurs exigées et du port obligatoire des blouses, les directeurs d'établissement ont été malgré eux, nous explique Mustapha Taliouine de l'association des parents d'élèves, «contraints de passer à l'acte». Affirmatif, il dira : «Des élèves ont été effectivement renvoyés ce matin (hier, ndlr) au niveau du collège Massinissa de Bab El Oued.» Notre interlocuteur, qui affirme s'être déplacé lui-même sur les lieux, regrette cet état de fait dans la mesure où, affirme-t-il, «nous n'étions pas d'accord dès le début sur ces mesures aléatoires». La couleur du tablier est secondaire, selon lui. Il considère qu'«au lieu de se pencher sur des questions autrement plus sensibles, comme le manque d'enseignants, les programmes chargés et les horaires inadaptés, le ministère se confine dans son entêtement». L'application des mesures diffère d'un établissement à un autre L'absence des tabliers aux couleurs exigées, soulève notre source, «nous a contraints à nous adresser chez un confectionneur privé pour résoudre le problème». Des commandes ont été faites chez ce dernier avec l'accord des directeurs d'établissement et des parents d'élèves qui doivent, eux, débourser la somme de 400 dinars pour acquérir ces fameuses blouses. «C'est un prix raisonnable», estime M. Taliouine, qui relève, par ailleurs, que l'application des mesures diffère d'un établissement à un autre. Le porte-parole du CLA, Achour Idir, qui évoque, lui aussi, une fuite en avant de la tutelle, estime, pour sa part, que «certains directeurs qui sont au fait des réalités du terrain adoptent des mesures souples en tolérant des tabliers de couleurs différentes». Selon le chargé de la communication du Cnapest, Messaoud Boudiba, qui affirme qu'il n'a pas été interpellé sur un quelconque renvoi d'élèves pour ces mêmes raisons, il est clair que la responsabilité incombe entièrement au ministère. S'il veut effectivement éviter d'autres erreurs, le ministère doit, par le biais des directeurs d'établissements, convoquer les parents pour situer le problème. S'il s'agit d'une question d'ordre matériel, la souplesse doit primer, sinon des aides doivent être consenties. Par contre, si le problème de manque est évoqué, il revient à la tutelle d'assurer la disponibilité des blouses, analyse notre interlocuteur. Point d'explication, en revanche, au niveau de la cellule de la communication du ministère de l'Education nationale, aux abonnés absents durant toute la journée d'hier. Les prochains jours nous renseigneront davantage sur l'application des directives du ministre de l'Education.