La hausse vertigineuse des prix des ovins défraie la chronique de la population de la région de Biskra. L'explication du boom est des plus logiques, l'Aïd El Adha avance à pas d'escargot et les marchés hebdomadaires répartis sur la région commencent déjà à connaître un afflux hors du commun des habitués et de nouveaux vendeurs du mouton de l'Aïd. Manifestement, le cheptel ne fait pas défaut, abondamment disponible au niveau des divers souks et proposé à des prix outranciers qui dépassent toutes les prévisions. En effet, les prix pratiqués par moult éleveurs, pour ne pas dire tous, ne sont point du goût des chefs de famille à faible revenu. La flambée constante des prix de l'ovin est remarquablement constatée. A titre illustratif, à Sidi Okba, localité réputée essentiellement par une forte présence du mouton généralement vendu à des prix à la portée même des pères de famille les plus modestes, les prix ont enregistré un boom assez remarquable. A Ouled Djellal, capitale de la meilleure qualité ovine, les prix affichés poussent plutôt à rebrousser chemin. Même fait constaté au niveau des marchés de la région nord, aussi bien à Djemorah qu'à El Kantara ou encore à Aïn Zaâtout où le mouton est proposé à pas moins de 15 000 DA, avec toujours la même expression : 15 000 DA, encore, qui dit mieux ? «Où est passé l'Etat supposé être régulateur des prix dans ces marchés ?», se demande sur un ton coléreux un père de famille négociant le prix d'un agneau. Il convient de dire qu'ici, seul l'éleveur est roi et non le client, il lui appartient de définir le prix de la vente comme bon lui semble, loin de tout contrôle. C'est du moins ce que nous avons constaté lors de notre tournée. Interrogés sur la tarification appliquée, certains éleveurs n'ont n'a pas hésité à avancer une argumentation moins convaincante. A cet effet, Hamid, étudiant universitaire lancé dans ce créneau porteur, nous confiera que «cette hausse a pour explication un facteur à ne pas négliger, celui des fortes précipitations qu'a connues la région, donc la pluviométrie enregistrée cette année dans la région de Biskra», expliquera-t-il, «a en toute évidence, été en faveur des éleveurs, lesquels définissent le prix de vente à leur guise». Et d'ajouter, «contrairement aux années passées, les éleveurs n'ont pas eu recours cette année aux aliments onéreusement achetés pour nourrir leur cheptel, la nature leur a fourni de l'avoine en quantités abondantes, et plus le mouton est gros et plus il pèse lourd, plus il est coûteux». A souligner que la virée effectuée au niveau de ces souks hebdomadaires, a permis de découvrir un autre type de vendeurs, pour qui ce commerce constitue à lui seul, un marché juteux, ce sont les brokers, lesquels achètent pour revendre à des prix doublés, parfois triplés. De l'avis de certains fins connaisseurs en la matière, ces prix plafonnés auront à flamber encore de plus en plus, ce qui ne permettra nullement de passer un Aïd dans des conditions normales. Faut-il conclure que non seulement les petites bourses, déjà frappées de plein fouet par d'énormes nuisances, se plaignent des prix exorbitants, mais les gens aisés, eux aussi manifestent nettement leur mécontentement vis-à-vis du diktat des maîtres du souk.