Capitale de l'électronique, Bordj Bou Arréridj est aussi une ville numérique non que cette technologie de pointe soit utilisée dans tous les domaines, ce serait trop beau, mais ses quartiers sont reconnus grâce à des chiffres. Pour visiter Bordj Bou Arréridj il faut aller aux 217 ou encore aux 400. De là on ira aux 170. Après on descendra aux 473. A droite nous avons les 560 soit quelques mètres avant les 12 hectares. Bien sûr si on traverse le centre-ville on peut atteindre les 300 juste après les 500. Mais attention il ne faut pas confondre. Il ne s'agit pas des 500 qui sont situés entre les 680 et les 217 où on était au début. Vous vous êtes retrouvés dans cette arithmétique ? Assurément non. Allons visiter plutôt d'autres quartiers non loin des premiers. Nous sommes au secteur D. Il faut prendre la gauche pour aller au BC. Même les lettres sont compliquées ? Vous avez raison. Comment un visiteur va-t-il se retrouver dans ce labyrinthe où même les habitués des jeux auront du mal à se trouver surtout qu'aucune carte n'est disponible. Même pour un résident de la ville, c'est difficile, surtout quand il s'agit des rues qui composent ces quartiers. Imaginons une adresse du genre No22 rue A, cité des 473. Les pauvres facteurs sont sûrement perdus dans cet enchevêtrement, à moins qu'ils aient leurs cartes, même virtuelles. Dans ce cas, on leur rend une fière chandelle pour acheminer le courrier à la bonne adresse. Et pourtant... Pourtant, ce ne sont pas les personnalités qui manquent. Les sportifs, les hommes de lettres et les hommes politiques sont nombreux. Tous méritent que leurs noms figurent aux frontons de ces quartiers. Les chouhada et les anciens moudjahidine qui ont tant donné pour ce pays permettront de distinguer ces lieux et même leur apporter grandeur et authenticité. Tout ce que les responsables locaux ont fait, c'est de changer les nominations des anciens quartiers. El Djebesse est devenu le 1er Novembre et La Graphe Abdelmoumen. Ces noms pourtant évoquent une étape lointaine de la ville. La première cité était connue pour les ateliers de plâtre et la seconde abritait le premier télégraphe installé à Bordj Bou Arréridj. A ranger dans un tiroir Il fallait préserver l'histoire et la communiquer aux nouvelles générations même si les noms ont changé. Les nouvelles cités ne sont pas un programme en cours de réalisation ou un chiffre à ranger dans un tiroir. C'est une destination, l'identification d'un ensemble architectural et humain. Comment on peut demander à jeune de connaître son histoire et d'en être fier s'il habite une cité qui ne porte aucun nom. Les Français à l'époque de la colonisation donnaient les noms de leurs généraux même si pour nous il s'agit de sanguinaires. Par contre, nous, nous cachons nos héros même à nos enfants. Revenons aux éventuels visiteurs étrangers. Ils ne vont pas seulement se perdre. Ils perdront également l'occasion de connaître l'histoire du pays. C'est grave.