A l'appel de plusieurs syndicats autonomes, le secteur de l'éducation était totalement paralysé hier, premier jour de grève à laquelle ils ont appelé. Le secrétaire général du Syndicat national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Snapest), Meziane Meriane, dira lors d'une conférence de presse animée hier à Alger que «le mot d'ordre de grève est suivi à 90% dans le secondaire», avant de préciser que le taux a atteint 100% dans certaines wilayas. Visiblement satisfait de la réussite de la grève dès son entame, «en attendant que d'autres syndicats, à l'instar du CLA, rejoignent le mouvement demain (aujourd'hui, ndlr)», le conférencier met la balle dans le camp de la tutelle, notamment le Premier ministre, responsable, selon lui, du durcissement du mouvement. «Ces taux de suivi n'ont jamais été atteints depuis 2003», se réjouit le conférencier, avant de s'adresser également au président de la République qui doit, selon lui, intervenir pour résoudre le problème en répondant favorablement à la plateforme de revendications des travailleurs de l'éducation. Il rappelle que lors de la rencontre de jeudi, les services du ministère ont avoué leur impuissance à régler les problèmes du secteur. En plus de l'autisme de la tutelle, qui s'avère aujourd'hui incapable de tenir ses engagements, explique M. Meriane, la circulaire d'Ouyahia interdisant l'application du régime indemnitaire avec effet rétroactif «est la goutte qui a fait déborder le vase». L'orateur évoque une perte sèche estimée entre 120 000 et 190 000 DA rien qu'en termes d'indemnité d'expérience pédagogique (IEP) et de prime de rendement individuel (PRI). «Une honte dans un pays où un député touche 30 millions de centimes alors que le travailleur peine à joindre les deux bouts», constate-t-il. Tout en rappelant les principales revendications des travailleurs de l'éducation, notamment le régime indemnitaire avec effet rétroactif à partir de janvier 2008, la prise en charge médicale (médecine du travail), la retraite après 25 ans de travail, le conférencier fustige la mainmise de l'UGTA sur les œuvres sociales et réclame la transparence dans leur gestion. «La centrale a reconnu une perte de 50 milliards appartenant aux travailleurs, volatilisés dans l'affaire Khalifa», rappelle-t-il. Dans ce sillage, interrogé sur la tripartite à laquelle les syndicats autonomes ne prennent pas part, dont le principal point à l'ordre du jour a trait au SNMG, M. Meriane estime que cette dernière «est un leurre destiné à éradiquer la classe moyenne, locomotive de la société». Car, pour le conférencier, l'abrogation des articles 87 et 87 bis est une condition sine qua non pour que les travailleurs puissent bénéficier d'une infime augmentation. Interrogé enfin sur l'unité des syndicats qu'il clame alors que certains ne sont pas encore entrés en grève, M. Meriane estime que le «taux de suivi de la grève consacre cette unité». Pour lui, au-delà des petites divergences d'ordre technique, il n'y a aucun problème. Il voit en les audiences séparées accordées aux syndicats par la tutelle une volonté de casser le mouvement qui s'est enclenché depuis des mois. «Le bras de fer est engagé et nous allons résister à toutes les tentatives de déstabilisation», affirme M. Meriane. Les pouvoirs publics sont avertis.