Le responsable du Snapest s'est dit satisfait du taux de suivi pour le premier jour de grève, assurant que le mouvement prendra de l'ampleur avec l'entrée en action des huit autres syndicats autonomes. Contre toute attente, le mouvement de grève annoncé dans le secteur de l'éducation, pour cette semaine, a bel et bien commencé. Le Syndicat national des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Snapest) est le premier à ouvrir le bal de la contestation en déclenchant hier un cycle de débrayages d'une semaine renouvelable “jusqu'à l'aboutissement des doléances socioprofessionnelles des enseignants”. Une revendication tant clamée par les syndicats autonomes au fil des années sans que la tutelle ne soit en mesure d'apporter des réponses à la crise. Selon l'initiateur de ce mouvement, 24 600 enseignants ont répondu hier au mot d'ordre de la protestation, soit 40% du taux de suivi pour ce premier jour de grève à travers les 41 wilayas où ce syndicat compte des adhérents. “Le bilan est satisfaisant pour ce premier jour de débrayage. Ce mouvement prendra de l'ampleur d'ici la fin de semaine, avec les huit syndicats qui vont entrer en action. Tout le secteur de l'éducation sera paralysé et la tutelle devra assumer ses responsabilités”, a averti hier M. Meziane Meriane, secrétaire général du Snapest, lors d'un point de presse tenu à Alger. Il a annoncé que le débrayage a fait un carton plein dans les wilayas de l'ouest et du sud, quant à l'est et au centre, c'est plutôt un bilan mitigé. À titre d'exemple, dans la wilaya d'Alger, seulement 100 enseignants ont débrayé hier. Le premier responsable de ce syndicat a rappelé que ce débrayage d'une semaine sera ponctué par des rassemblements et des marches aux quatre coins du pays à savoir dans les wilayas d'Oran et d'Adrar, le 24 février dans la capitale. Revenant sur les raisons de la reprise de la protesta, M. Meriane a signalé que depuis la création de la commission de suivi du dossier du régime indemnitaire au niveau de la tutelle, rien de concret n'a été obtenu sur le terrain. “Si la tutelle a installé cette commission, c'était pour gagner du temps et atténuer la colère des travailleurs du secteur de l'éducation”, s'indigne-t-il. Le ministre de l'Education nationale, pour sa part, a annoncé lundi, à partir de la wilaya de Tlemcen, que le fameux relèvement des indemnités “sera accordé aux enseignants bien avant les vacances de printemps, c'est un engagement et non une promesse”, a-t-dit. Il a également appelé les enseignants à ne pas perdre de temps, car le dossier des indemnités est finalisé et transmis à la chefferie du gouvernement. Le secrétaire général du Snapest a estimé, pour sa part, que “les déclarations de Benbouzid ne sont que de la poudre aux yeux” destinées à casser le mouvement des enseignants. Il a relevé de la contradiction entre les propos du ministre et les dires de son conseiller Ahmed Tessa, qui s'est exprimé le jour même sur les ondes de la radio, affirmant ainsi que la commission ad hoc, composée des représentants de la direction de la Fonction publique et du ministère des Finances, va finaliser ses conclusions dans un mois. “Ces déclarations ont créé une crise de confiance au sein de la famille de l'éducation. Cela prouve, également, que ces propos ne sont qu'une ruse destinée à manipuler l'opinion publique. La tutelle n'a nullement l'intention de résoudre sérieusement cette crise et ces représentants ne sont même pas capables d'accorder leurs violons”, a-t-il estimé. Notre interlocuteur s'est interrogé sur les intentions de la tutelle. “Pourquoi attendre que la base soit en ébullition pour annoncer une date et de plus sans même la mettre noir sur blanc. Qu'est-ce qui empêche le ministre de prendre par écrit cet engagement. La solution du problème est entre les mains du ministre s'il y a réellement une volonté d'en finir avec cette crise”. Rappelons que le ministre de l'Education s'était déjà engagé en novembre 2009 à promulguer le régime indemnitaire après deux mois de travail par la commission. Selon le même syndicaliste, la tutelle a perdu en crédibilité. Ni les déclarations de Benbouzid, encore moins sa dernière lettre, n'ont absorbé la colère des enseignants, bien au contraire. Pas moins de huit syndicats autonomes du secteur de l'éducation vont rejoindre le mouvement de contestation la semaine prochaine. Le Conseil des lycées d'Algérie (CLA), le Syndicat autonome des travailleurs de l'éducation et de la formation (Satef) et le Syndicat national des travailleurs de l'éducation (SNTE) vont entamer leur mouvement à partir du 21 février. Quant à l'Union nationale du personnel de l'éducation et de la formation (Unpef), et le Conseil national des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Cnapest), ils ont décidé de faire, eux aussi, cause commune en débutant leur débrayage le 24 de ce mois, et ce pour une semaine reconductible.