Une titraille aux accents guerriers, un récit aux antipodes d'une chronique footballistique, le tout sur fond de clichés sanglants. Le «chaleureux» accueil réservé aux Verts à leur arrivée au Caire s'étalait, hier, sur les présentoirs des kiosques parisiens. Deux grands titres de la presse hexagonale, Le Parisien et L'Equipe, n'ont pas hésité à bousculer leur bouclage. Histoire de rendre compte, à chaud et en bonne place, du dernier épisode de la confrontation algéro-égyptienne. «Guet-apens au Caire», titre le quotidien sportif L'Equipe. Photo-médaillon à l'appui, le premier tirage français illustre son compte rendu par le visage ensanglanté de Yazid Mansouri. Et l'envoyé spécial du journal, Jean-Philippe Cointot, de pousser plus la narration. «Au moment où le bus de la délégation algérienne manœuvrait devant l'hôtel Iber, tout proche de l'aéroport, plusieurs dizaines de supporters égyptiens ont fait voler en éclats à l'aide de pavés et de briques toutes les vitres du véhicule.» Telle que menée, l'agression contre le bus des Algériens ressemblait à une «attaque commando». Au dire de «nombreux témoins de la scène» interrogés par l'envoyé spécial de L'Equipe, «ce fut un véritable guet-apens». «Prévisible» aux yeux du quotidien sportif, l'accueil cairote a «traumatisé» les joueurs de Saâdane, mais sans les réduire au défaitisme. A preuve les témoignages recueillis par L'Equipe auprès des sociétaires de l'EN. «On a été pris au piège.C'était hallucinant.» «Je n'avais jamais connu une pareille situation. Pourquoi n'y avait-il pas une escorte conséquente à l'hôtel», s'insurge Yazid Mansouri (Lorient). Madjid Bouguerra (Glasgow Rangers) pointe la défaillance sécuritaire : «Il y avait très peu de policiers autour du bus. C'était une petite escorte. On a été pris au piège. C'était hallucinant.» Eprouvés par la «marhaba» de sinistre mémoire, les camarades de Karim Ziani tiennent bon et s'arment de courage en prévision d'un match d'enfer. «Ecœuré par cet acte», Antar Yahia (Bochum, division 1 allemande) donne l'exemple : «Nous n'allons pas nous résigner. S'il faut mourir ici, au Caire, et bien nous sommes prêts !» Djamel Abdoun (FC Nantes) affiche un tempérament similaire : «C'est fou, mais cela ne va pas nous perturber. On était motivés. On le sera encore plus.» Au moyen de clichés plus sanglants, Le Parisien souligne à grands traits la nature du traquenard. Le titre le plus populaire de la presse ouvre une de ses pages de sports sur «Les joueurs algériens agressés en Egypte.» Le «contexte d'extrême tension» entourant le rendez-vous de ce soir «s'est enrichi (jeudi soir) d'un épisode grave», note le journal.