De notre correspondant à Tizi Ouzou Lakhdar Siad La température «sportive» de la rue kabyle, notamment le milieu des supporters des Jaune et Vert, peut être qualifiée de modérée en ce mois de Ramadhan où le moindre événement extra-muros est perçu comme une occasion de se divertir dans une région de Kabylie en mal chronique d'infrastructures de détente. Le match entre la JSK et El Ahly en fait justement partie. Le Ramadhan a aussi ce pouvoir, ou cette «vertu», de tempérer les ardeurs les plus chauvines, la rencontre étant programmée bien après la rupture du jeûne, à une heure généralement dédiée à la récupération d'une journée de privations. Les divers commentaires spéculatifs lus dans la presse depuis l'arrivée (sans les fans) jeudi soir de la délégation d'Al Ahly du Caire à Alger, adversaire ce soir à 22 heures au stade du 1er Novembre de Tizi Ouzou de la JS Kabylie, ont presque fait oublier l'enjeu sportif de ce troisième match de poules et même occulté de souligner l'intérêt de cette rencontre pour les deux équipes pour le leadership de leur groupe, et donc pour la suite de cette compétition relookée. L'agression des joueurs, du staff technique et des supporters d'Algérie lors du match retour pour la qualification à la Coupe du monde 2010, jouée en Afrique du Sud, au Caire en novembre 2009 et la polémique enflammée entre les deux camps à un rang politique élevé semblent toujours servir de starter dans des milieux très peu sportifs pour donner lieu à d'autres graves dérives. Pourtant, dans tous les centres urbains importants de Tizi Ouzou, tout semble avancer au ralenti, le week-end accentuant nonchalance qui domine la vie de la cité pendant le mois de jeûne. Si les fans kabyles savent ce qui attend leurs favoris face à une magnifique et expérimentée équipe égyptienne et sont décidés à soutenir leur équipe jusqu'au bout, l'ambiance générale ne cadre cependant pas avec la spécificité «revancharde» que beaucoup de commentaires et déclarations veulent coller durablement aux confrontations de ce niveau entre Algériens et Egyptiens. Il n'y eut en fin de compte que les déclarations des dirigeants et techniciens kabyles et d'Al Ahly qui correspondent à l'absence d'une animosité marquée qui précède l'empoignade footballistique de ce soir dans le fief kabyle. «Ce match sera celui de la fraternité», a déclaré M. Abdelaziz Seïf-Enasr, ambassadeur d'Egypte en Algérie, à la suite de l'accueil vraiment distingué, jeudi soir, de ses compatriotes à l'aéroport d'Alger et à l'hôtel Amraoua de Tizi Ouzou. Le charismatique meneur de jeu égyptien Abou Trika est allé dans le même sens en affirmant, devant la presse, que «connaissant bien la mentalité des Algériens, personnellement, je ne suis guère surpris par un accueil aussi chaleureux et fraternel. C'est tout à l'honneur de la JSK et des frères algériens. L'Algérie et l'Egypte sont deux pays frères qui doivent dépasser toutes les rancœurs et privilégier le sport et la fraternité entre nos deux peuples.» La délégation d'Al Ahly, conduite par le président du club Hassan Hamdi, a été reçue avec beaucoup d'égards à son arrivée à l'aéroport international d'Alger par le président de la JSK, actuel leader du groupe, en compagnie de représentants de la FAF et de la Ligue de football algérien. Un accueil semblable à réservé par les responsables et les supporters d'Al Ismaïly à la JSK, il y a plus de deux semaines dans le cadre de la première journée de la même compétition. Beaucoup de gens étaient étonnés, jeudi soir, de voir les services de sécurité à Tizi Ouzou fermer des parties de certains quartiers même de la ville de Tizi Ouzou lors de la première séance d'entraînement des coéquipiers d'Aboutrika sur la pelouse synthétique du stade du 1er Novembre. Une source policière aurait avancé le chiffre de 5 000 policiers qui seront mobilisés à l'intérieur et à l'extérieur du stade pour éviter tout incident «qui nuirait, encore une fois, aux relations entre l'Algérie et l'Egypte». Aussi, les déplacements sous haute sécurité des joueurs égyptiens de l'hôtel vers le stade du 1er Novembre ont étonné pas mal de monde à Tizi Ouzou vu qu'aucune menace apparente ne justifiait un tel déploiement de policiers. Un déploiement pour permettre à tous les supporters d'assister en toute sécurité ; ce qui aurait dû être instauré à chaque match au stade de Tizi Ouzou où souvent des jeunes fauteurs de troubles empêchent de suivre dans la sérénité les rencontres de football que livre la JSK devant son public, commente-t-on sur place. L'autre raison qui indique que «tout se passera dans les normes» est cette décision de faire jouer le match à guichets fermés, la vente des billets étalée sur trois jours étant clôturée hier soir, selon le président de la JSK, Mohand-Cherif Hannachi, qui a affirmé que «cette mesure a été prise à titre préventif avec les services concernés. Nous conseillons aux non-détenteurs d'un billet d'entrée de ne pas se rendre au stade le jour du match». Pour ce qui est du volet sécuritaire, l'inamovible responsable de la JSK, sans accuser qui que ce soit si jamais ça déborde du cadre sportif, a responsabilisé l'Etat en tant que garant de la sécurité des lieux de la rencontre.Les protégés de Geiger enchaîneront-ils avec une troisième victoire consécutive, synonyme de première place avec 9 points, pour confirmer dans la joie que les appréhensions soulevées autour du match ne sont que pures affabulations extra-sportives ?