L'officier de l'armée nationale populaire (ANP), S. Ben Amar, comparaîtra aujourd'hui devant le tribunal militaire de Béchar pour sa responsabilité dans la mort du réalisateur Djamel Kelfaoui, survenue le 22 mai 2009 à Laghouat. Dans un communiqué rendu public hier, les amis de Djamel Kelfaoui ont rappelé les circonstances de sa mort suite, ont-ils souligné, à une altercation liée à un simple embouteillage sur la voie publique. Deux jours auparavant, indique le communiqué, l'officier s'en est pris brutalement à Djamel Kelfaoui au moment où celui-ci s'apprêtait à relever le numéro d'immatriculation du véhicule, et lui porta un violent coup au thorax. Le réalisateur se rend alors, en compagnie de son cousin, témoin de la scène, à la gendarmerie pour porter plainte. Il est pris d'un malaise consécutif à l'agression subie. Après un pic de tension, il fait une hémorragie cérébrale. Transporté aussitôt à l'hôpital de Laghouat, il décède après deux jours de coma profond. Algérien, né à Paris en 1961, il grandit à Bondy en banlieue parisienne. Dès le début des années 80, il mena de front des études de sociologie et de communication à l'université Paris X de Nanterre, puis crée l'association «SOS ça Bouge !» et lance à Bondy le fameux festival interculturel «Y'a de la Banlieue dans l'air», mêlant musique, théâtre, cinéma, sports... avec l'organisation de concerts réunissant des artistes renommés tels Youssou N'dour, Cheb Mami, Mano Negra, Khaled, Zebda... Djamel Kelfaoui faisait partie de ces personnalités qui ont marqué de leur dynamisme et de leur volonté le paysage culturel et artistique des banlieues populaires de Bondy à Mantes, St Etienne, Toulouse… et tant d'autres. Il était l'un de ces passionnés, acteurs de la «Marche pour l'égalité» de 1983 en France, prêt à déplacer des montagnes pour réaliser ses rêves, dont le dernier fut d'imaginer la création d'un festival culturel à Laghouat. Par la suite, il devint réalisateur de nombreux films documentaires dont le célèbre Algérie, mémoires du raï devenu film de référence et son dernier Cheb Hasni, je vis encore consacré à cette idole de la jeunesse algérienne, assassiné à Oran en 1994. C'est pour approfondir la deuxième partie de ce film que Djamel était revenu tourner en Algérie.