Djamel Kelfaoui, l'enfant terrible et de la balle de Bondy (Paris, France), le documentariste, connu pour être le réalisateur du fameux documentaire intitulé Algérie : Mémoire du raï 2000 et aussi le détenteur de l'unique et dernière interview filmée de cheb Hasni – quelques mois avant son assassinat le 29 septembre 1994 –, est mort vendredi après-midi à l'hôpital de Laghouat. Selon la sœur du défunt, Soraya Kelfaoui, infirmière et préparant un diplôme de cadre de la santé à l'hôpital la Salpêtrière à Paris, contactée par téléphone, nous a déclaré : « C'était mercredi après-midi, dans une ruelle de Laghouat, mon frère, en compagnie de son cousin Touzri Mohamed, a eu un échange verbal avec une personne qui s'est avérée être un militaire. Ce dernier l'a malmené en lui portant un coup violent au thorax, mon frère a sorti son téléphone portable pour prendre le numéro d'immatriculation de son véhicule. Devant cet état de fait, mon frère s'est présenté à la brigade de gendarmerie pour porter plainte. Mais il a été pris de malaise, avec un pic de tension de 28, il fera une hémorragie cérébrale. Il a été transféré aussitôt à l'hôpital de Laghouat à 14h par mon cousin où il entrera dans un coma profond et le vendredi (22 mai), il décédera vers 16h45. Ce que je peux vous dire, c'est que mon frère Djamel, par principe, voulait tout simplement avoir des excuses ou porter plainte. Il était non-violent. Mon frère n'est pas cardiaque, il n'a aucun antécédent de santé par opposition à ce qui a été mentionné dans le rapport médical de l'hôpital de Laghouat. » Djamel Kelfaoui se trouvait à Laghouat, pour les besoins de tournage de la seconde partie de son film Cheb Hasni : je vis encore. Aussi, Khalida Toumi, ministre de la Culture, dans un communiqué adressé à la rédaction d'El Watan présenta ses condoléances et salua le talent et la mémoire de ce réalisateur algérien : « C'est avec une grande affliction que nous avons appris la disparition de Djamel Kelfaoui, réalisateur et journaliste reconnu pour ses films tels que cheb Hasni, je vis encore et Algérie : mémoire du raï et aussi ses émissions Algérie maintenant et C'est normal diffusées sur différentes chaînes de télévision. » Djamel Kelfaoui, cet enfant d'une famille d'émigrés originaire de Blida, la ville des Roses, qu'il choyait, dans une rencontre à la cinémathèque d'Alger en 2002 où il présentait son succès d'estime en tant que réalisateur, le documentaire désormais de référence, Algérie : mémoire du raï, il nous avait confié sa passion dévorante et anecdotique pour le raï : « Il aura fallu une dizaine d'années pour que le film soit ficelé. Ma première productrice, c'est ma maman. Elle a hypothéqué tous ses bijoux pour financer le film de son fils. Et le film ne m'a pas permis de la rembourser... » (rires). Et puis avec Cheb Hasni : je vis encore, Djamel Kelfaoui était parti aux quatre coins de l'Algérie pour montrer et démontrer que l'icone Cheb Hasni appartenait à toute une jeunesse. La famille du cinéma perd prématurément un agitateur de talent, un mécène et un documentariste convaincu, passionné et épris de musique, celle de son pays : le raï !