Fatigue persistante, difficultés à se concentrer, vigilance perturbée, manque de mémoire ou encore irritabilité, les insomniaques éprouvent bel et bien le sentiment d'être malades. Ce n'est pas forcément l'avis de la Haute autorité de santé (HAS). Dans ses recommandations pour la prise en charge de l'adulte se plaignant d'insomnie, elle la définit comme «le ressenti d'une insuffisance de l'installation ou du maintien du sommeil, ou d'une mauvaise qualité restauratrice, associée à des retentissements diurnes». Sans nier qu'il y a là un «important problème de santé publique», elle considère l'insomnie comme un simple «trouble» du sommeil, dont «le caractère subjectif nécessite une analyse diagnostique particulièrement attentive». Ceux qui éprouvent des difficultés à s'endormir le soir, qui se réveillent plusieurs fois dans la nuit ou trop tôt le matin doivent en parler à leur médecin. «Surtout si le problème persiste, avec des conséquences diurnes sur la qualité de vie», insistent les neurologues, quotidiennement confrontés à la souffrance et aux plaintes de leurs patients. «L'insomnie doit être considérée comme un trouble». Et pas question de la prendre à la légère, car «elle peut révéler une maladie sous-jacente ou associée, comme la dépression ou le syndrome des jambes sans repos». Au professionnel de santé ensuite de trouver la cause de l'insomnie. Dans 80% des cas, l'insomnie est liée au stress, à l'anxiété ou à la dépression. Selon une étude britannique, l'insomnie constituerait un signe prédictif de la dépression lors des consultations chez les médecins généralistes. Pour arriver à cette conclusion, l'agence britannique du médicament a analysé les données recueillies entre 1995 et 2008 auprès de 125 000 patients présentant des troubles du sommeil (insomnie ou prescription d'hypnotiques), sans antécédents de dépression, d'alcoolisme et de maladies mentales, et les ont comparées à celles de témoins n'ayant pas de problème de sommeil. Résultat : les insomniaques avaient un risque multiplié par 4,5 de développer une dépression par rapport aux patients sans trouble du sommeil, avec un pic dans les deux premiers mois suivant la première visite pour troubles du sommeil.