Encore une fois, le football a dominé les débats sur le projet de loi de finances 2010. Si nombre de députés ont dénoncé, des fois très fermement, sinon de manière claire, le laisser-aller des autorités égyptiennes qui ont fermé l'œil sur l'agression dont a été victime l'équipe nationale et ses supporters, la plénière d'hier, consacrée aux débats a été également marquée par une interruption suite à l'intervention d'un député du RCD, qui a remis d'emblée en cause la crédibilité de l'institution que préside M. Ziari. Le projet de loi soumis à débat a été «applaudi» par les intervenants issus de l'alliance présidentielle. Comme il fallait s'y attendre, ce qu'a vécu l'équipe nationale ainsi que les nombreux supporters des verts qui se sont déplacés en masse au Caire, n'allait pas passé inaperçu au siège de l'assemblée nationale où se déroulent les débats sur une loi, et pas des moindres, celle qui devrait normalement consacrer la poursuite des projets de développement du prochain quinquennat, la loi de finances 2010. D'autant plus que lors de la présentation, lundi, du projet par le ministre des finances, il était même question d'un report, si ce n'est «des obligations légales». C'est finalement le programme qui a été chamboulé. Les interventions s'étaleront jusqu'au 23 novembre, selon le communiqué du bureau de l'APN. Elles cesseront le jour du match d'appui pour reprendre le lendemain. «Ce qu'a fait la machine pharaonique est inadmissible», peste l'un des premiers intervenants, un député de l'alliance présidentielle qui a cependant préconisé «une retenue» dans la gestion de tels évènements. Il remercie dans la foulée le gouvernement soudanais qui a réservé un accueil chaleureux à l'équipe nationale. Ce n'est pas l'avis d'un autre député de la même coalition visiblement heurté par le supplice subi par les algériens au Caire : «il faut boycotter tout ce qui est égyptien», décrète-t-il avant qu'un autre député ne regrette l'atteinte au drapeau national et au sang des martyrs de novembre. «L'Etat égyptien à travers sa presse a monté des scénarii pour accuser les algériens d'avoir tout fomenté», ajoute Della Abdelkader du FLN qui estime qu' «on doit défendre notre honneur d'une manière civilisée». «C'est une honte pour un pays (Egypte) qui sait protéger les touristes mais qui est incapable de le faire pour nos joueurs», reprend un député d'El Islah qui accuse, par là-même, la télévision algérienne d'avoir failli à sa mission d'information. Nombre d'intervenants ont toutefois appuyé le projet de loi de finances tout en insistant sur la rationalisation des dépenses publiques dans une conjoncture marquée par la baisse des recettes des hydrocarbures. C'est le cas notamment des députés RND qui ont préconisé, entre autres, la création de mécanismes pour faire face à l'épineux problème du chômage qui touche notre jeunesse. D'autres élus, tout en se félicitant des dispositions de ce texte de loi en matière d'allégements fiscaux au bénéfice des petites entreprises, regrettent, prudence oblige, la hausse des dépenses publiques prévues par le texte de loi et dénoncent le manque de visibilité quant à la gestion «opaque» du budget. Premier à lancer les hostilités, un député d'El Islah qui accuse les représentants du gouvernement d'incompétence dans la mesure où ils n'ont pas donné de bilan. Mais ce qui a sérieusement perturbé le déroulement des débats c'est l'intervention de Mohammed Khendak, du RCD, qui a, dès le début, évoqué la non représentativité de l'assemblée, soulevant l'ire des députés de l'alliance présidentielle. L'on a failli en arriver aux mains et le président de l'APN a été contraint de suspendre la séance qui a pu finalement reprendre au bout de plus d'une demi-heure. Les débats se sont poursuivis dans l'après-midi sur le même rythme faits de dénonciations et d'approbations. Les débats se poursuivent aujourd'hui dans la matinée pour ne reprendre que le 22 novembre, étape de Khartoum oblige, pour donner à nombre de députés qui en ont exprimé le vœu l'occasion de se rendre au Soudan pour soutenir l'équipe nationale. Le football est au dessus de tout, décidément.