La reprise des travaux en plénière à l'Assemblée a permis aux députés de préparer leur campagne politique en prévision des prochaines échéances électorales. Si les députés du FLN et du RND semblent occupés par la nouvelle loi de finances, et le FFS ainsi que le RCD préoccupés par la situation en Kabylie et la menace des ârchs de boycotter les élections, les partis islamistes représentés à l'Assemblée, pour leur part, se sont orientés vers une politique de soutien au peuple afghan, en condamnant les bombardements américano-anglais sur un peuple désarmé et pauvre. Hier, à l'occasion de la présentation du projet de loi relative à la gestion, au contrôle et à l'élimination des déchets, les ex-députés d'Ennahda, proches du mouvement El-Islah de Djaballah, ont affiché clairement leur soutien à la cause afghane, en exhibant des pancartes où ils dénonçaient le silence du pouvoir, de ses institutions et de son peuple. Une attitude qui a poussé, une première fois, le président de l'APN, M.Bensalah, à intervenir pour remettre de l'ordre. Mais, peine perdue, puisqu'un autre député, du MSP cette fois-ci, est intervenu dans le débat en cours pour développer le discours et la ligne de son parti. Pour Djahid Younsi, député proche de Djaballah et leader de ce mouvement pro-afghan, «ce n'est pas un soutien à Ben Laden, mais tout simplement un soutien à un peuple otage de la lutte antiterroriste, qui a longtemps souffert de la guerre». Et de condamner «toute forme de terrorisme, mais aussi le génocide perpétré contre un peuple diminué et qui n'a pas les moyens de se défendre contre une armada moderne». Ce n'est pas la première fois que les députés islamistes de l'Assemblée, en particulier ceux d'El-Islah et du MSP, montent au créneau pour faire entendre leur voix. Plusieurs d'entre eux, en particulier Omar Gherbi d'El-Islah et Mokri du MSP, se sont illustrés en plénière en dénonçant les massacres en Palestine, en Bosnie, en Irak et, enfin, en Afghanistan. En revanche, ils n'ont jamais dénoncé les massacres collectifs en Algérie et la violence en Kabylie. Au contraire, ils étaient plus incisifs contre la jeunesse berbère. Pis encore, les députés islamistes à l'Assemblée ont toujours privilégié l'accès et le maintien au pouvoir aux intérêts nationaux du peuple et ce, en votant des lois qui vont à contresens de la volonté du citoyen. Le soutien au peuple afghan, aujourd'hui, n'est qu'une manière comme une autre de radicaliser la rue et d'avoir le soutien prochain des électeurs.